mercredi 21 juillet 2010

Un CV incomplet

Un oubli probablement dans la biographie officielle d'Eric Woerth sur le site internet du gouvernement, le ministre du Travail (et des retraites) indique qu'il a travaillé chez Pechiney de 1982 à 1990. En réalité, entre 1987 et 1990, il ne travaillait plus chez le géant de l'aluminium. Une reconstitution de sa carrière s'impose, et de mettre le doigt sur ces trois années qu'il semble vouloir cacher. Ce qui serait dommage tout de même.
Tout petit, Eric Woerth affichait déjà un amour particulier pour le pot de confiture. Trentenaire en 1987, il est recruté par Jean-François Mancel, le très honnête président du conseil général de l'Oise et secrétaire général du RPR, qui lui confie la direction de l'Agence de développement de l'Oise (ADO). Woerth embauche alors comme adjointe Louise-Yvonne Casetta, la célèbre « banquière » de l'ère Chirac dans les années 80 et 90. Une solide expérience dans les fausses factures et les célèbres mallettes de billets du RPR pendant six ans, celle-ci a besoin d'un point de chute tranquille et moelleux.
Le jeune Woerth va bientôt réaliser des prouesses, saluées en 1992, par la chambre régionale des comptes. En deux ans, il augmente son propre salaire de 44 %, s'attribue une voiture de fonction (qui n'était écrit nulle part dans son contrat initial). Et surtout, il fait régler par l'ADO ses frais d'avocat pour un litige qui, toujours selon les magistrats, « n'avait qu'un caractère personnel ». Sans oublier des honoraires illégaux au directeur adjoint du département et d'énormes dépenses de Jean-François Mancel en voyages à l'étranger et déjeuners dans de très sélects restaurants parisiens. Woerth passe aussi des marchés publicitaires rentables à une boite qui a le bon goût de sauver de la faillite une petite entreprise appartenant à Jean-François Mancel. Quelle étonnante coïncidence.
Le futur ministre manifeste également son intérêt pour les travaux d'expertise commandés à des sociétés privées. Ainsi, il demande une étude sur les « comportements face à la brosse à chevaux », problématique importante pour le développement de l'Oise. De même, il confie à un intervenant extérieur une mission sur la valorisation des « déchets et rebuts de pommes ». une autre étude est jugée de « qualité médiocre » par les magistrats. Mais elle a un mérite : elle a été confiée au cabinet Bossard Consultants. Celui-là même qui va recruter aussitôt Woerth après son départ de l'Agence de développement de l'Oise.
Le futur trésorier de l'UMP se distingue aussi en réservant dix places (à 300 euros le menu) au « dîner pour la France », organisé en 1988 et destiné à faire cracher au bassinet de la campagne présidentielle de Chirac. Droit dans ses bottes, Woerth se justifie auprès de la chambre des comptes en expliquant que ce dîner a pu « contribuer à l'amélioration de la performance des entreprise de l'Oise ».
A son départ de l'ADO, en 1993, Woerth est nommé trésorier du RPR (où il retrouve son amie Louise-Yvonne Casetta), puis directeur financier de la campagne de Chirac à la présidentielle de 1996. il a vite appris.

2 commentaires:

  1. Et ensuite il va dire : mais quoi ? où est le problème ?

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  2. C'est le problème des CV incomplets ou des omissions volontaires ou involontaires. Cela finit toujours par se savoir...

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