jeudi 23 septembre 2010

210 millions sous le "Tapie"

Christine Lagarde à passer un sale quart d'heure devant la commission des Finances de l'Assemblée. Invitée le 14 septembre par son président, le socialiste Jérôme Cahuzac, la ministre de l'Économie a du s'expliquer sur le pactole que va empocher Bernard Tapie dans le cadre du règlement définitif de l'affaire Adidas. Près de 210 millions, qui se divisent de la manière suivante : 45 millions pour les époux Tapie et les 165 pour la société personnelle de Nanard. Et ce grâce à l'arbitrage privé voulu par Sarkosy, et rendu en juillet 2008. On est très, mais très loin des proclamations de Lagarde, qui affirmait, par exemple, le 24 septembre 2008 : « Il ne restera au final à Tapie qu'environ 30 millions d'euros nets d'impôt. »
La somme était déjà respectable. En fait, ce sera sept fois plus, réglé par le Trésor public, c'est-à-dire par les contribuables. Bercy a définitivement bouclé ses comptes. Et voilà le détail de la douloureuse tel que l'a reconnu l'avocat de Tapie, Maurice Lantourne :

Les recettes :

Les époux Tapie vont recevoir 45 millions non imposables pour compenser le préjudice moral que lui ont causé les persécutions du Crédit lyonnais. Le montant le plus élevé jamais accordé en France. A quoi s'ajoutent 333 millions de dommages et intérêts pour s'être fait, selon la sentence arbitrale, gruger par le Crédit lyonnais lors de la vente d'Adidas, en 1993.

Les dépenses :

Nanard va devoir régler les frais de quinze années de procédure (une vingtaine de millions), des dettes diverses à des tiers ( une vingtaine de millions encore), sans oublier ponctions fiscales et douanières (une quarantaine de millions cette fois-ci). A quoi il convient d'ajouter ses dettes bancaires à l'égard de la SDBO, la filiale du Lyonnais qui avait financé ses aventures. « Cent soixante-deux millions », a affirmé Tapie, le 6 septembre.
En fait beaucoup moins : 76 millions avaient déjà été remboursés en 1995 à la SDBO, qui avait eu l'amabilité de racheter pour 500 millions de francs la société Bernard Tapie Fiance. « Ça n'a rien à voir. Cette somme m'appartient maintenant », affirme Tapie. N'empêche, la dette de Nanard à l'égard de la SDBO n'en a pas moins été réduite d'autant et ne s'élève plus qu'a 88 millions.
La soustraction recettes moins dépenses est facile à faire. Tapie, son épouse et sa société vont empocher 210 millions. Le nombre de zéro de la somme risque de faire du bruit. Avec cette question : la ministre de l'Economie est-elle incapable de faire une addition-soustraction, ou a-t-elle volontairement choisi, il y a deux ans, de minimiser le gros lot de Tapie pour calmer les débats ?. L'arbitrage rendu en faveur de Nanard avait en effet déclenché une polémique et provoqué la création d'une commission d'enquête parlementaire, dont les travaux avaient tourné à l'échec.
Les mauvais esprits ne comprenaient pas pourquoi Sarkozy avait choisi de recourir à un tribunal arbitral pour régler le litige, alors que l'affaire en était au dernier acte devant la justice ordinaire. La composition de ce tribunal privé avait elle-même étonné : outre l'ancien président du Conseil constitutionnel Pierre Mazeaud, on y trouvait l'avocat Jean-Denis Bredin ex connaissance de parti de Tapie au PRG, et Pierre Estcoup, connu pour ses arbitrages acrobatiques, notamment dans l'affaire Elf.
Après l'annonce de la sentence, catastrophique pour l'Etat, Lagarde avait refusé d'introduire un recours qui, selon des spécialistes de droit public, aurait pourtant eu des chances de concrétisation. Autant de bonnes manières qui ne pourront qu'inciter Nanard à militer pour une réélection de son ange gardien.

dimanche 19 septembre 2010

Web politique 2.0

Internet : un outil de communication à double tranchant

Grand spécialiste de l'achat de mots-clé sur Google pour attirer les internautes vers les sites partenaires de l'UMP, voilà Sarko à son tour dangereusement piraté sur la toile. Depuis quelques jours, si vous tapez « trou du cul » sur Google.fr, vous êtes dirigé directement à la page Facebook du locataire de l'Elysée. Et voilà que toutes les radios en font leurs choux gras.
Des petits malins ont associé de très nombreuses fois le doux juron au site de Sarkosy. Résultat, dans l'ordre des références les plus consultées et retenues par le moteur de recherche, le même Sarko est devenu « Trou du cul Ier ». Dans un communiqué, Google s'est rapidement désolidarisé de cette plaisanterie de « farceurs » : « Nous ne soutenons pas cette pratique ni aucune autre visant à altérer l'intégrité de nos résultats de recherche, mais en aucun cas cette pratique n'affecte la qualité générale de notre moteur de recherche, dont l'impartialité reste, comme toujours, au centre de notre action. ». Et au centre du reste.
Du côté de l'UMP, bien sûr, quelques âmes chastes vont encore s'indigner : le Président est un martyr de la Toile. Mais il ne faut pas voir cette affaire, si l'on ose dire, par le petit trou de la lorgnette présidentielle. A tous les coups, des millions de jeunes vont se ruer sur leur ordinateur pour s'amuser à taper « trou du cul », et donc atterrir sur le site promotionnel de Sarko. Ce sont autant de jeunes militants potentiels de l'UMP.
Dans la perspective de 2012, cela devrait même donner des idées aux rusés responsables Internet du parti. Plutôt que d'acheter « Ségolène royal » ou d'autres noms de concurrents socialistes, comme ils l'avaient fait pendant la campagne de 2007, ils devraient préempter au plus vite « trou du cul » sur Google. Et pourquoi pas, acheter aussi un paquet d'autres mots-clés associés : les « troufignon » et autres « trou de balle ». La voilà, la solution pour enrayer la chute des adhésions à l'UMP.