dimanche 20 décembre 2009

Trucs et astuces pour financer les partis politiques

Plus de 200 organisations fantômes, sans militants, sans programme, mais regroupant les dons de généreux donateurs, existent en France.



Pour les étrennes, les formations politiques vont pouvoir se partager 75 millions de manne publique. La répartition du gâteau s'effectue au prorata du nombre de parlementaires et du pourcentage de voix obtenues au premier tour des législatives. L'UMP et le PS vont se manger les plus grosses parts de ce gâteau. Une quarantaine de petites formations ramasseront les miettes. D'autres encore, plus nombreuses ne toucheront rien. Car la France est particulièrement riche en partis. La commission nationale des comptes de campagne en a enregistré environ 230. Quant on n'y regarde de plus près, beaucoup sont des coquilles vides, ou des paravents, qui, servent à récolter des dons et à contourner la loi de 1988 sur le financement politique. Des partis peut-être sans adhérents ou militants, mais pas dépourvu d'habiles trésoriers.


Des coquilles vides


Sarko bénéficie, en sus de l'UMP, du soutien de deux « groupement politiques »: l'Association de soutien de l'action de Nicolas Sarkozy et l'Association nationale des amis de Nicolas Sarkozy. La première, basée à Bruges dispose d'un site Internet et affichait en 2007 (dernier chiffre connu) un budget d'un peu plus de 250 000 euros. L' essentiel de cet argent est destiné à financer les campagnes du candidat Sarkozy. Le second est en sommeil. Fondée en 2002 et situé à Limoges, cette organisation de masse a pour président un certain Christian Estrosi et comme trésorier Brice Hortefeux. En 2007, son budget était bas, dépassant à peine les 70 000 euros. La commission des comptes de campagne l'a cependant rappelé à l'ordre pour « irrégularités ». afin de collecter des dons, les « amis de Nicolas Sarkozy » utilisent des comptes Paypal. Or ce procédé ne permet pas de vérifier si l'argent récolté provient d'individus ou de personnes morales et donc de sociétés commerciales. Or il est rigoureusement interdit à un parti de recevoir des dons d'une entreprise privée.
Si une entreprise ne peut pas financer un parti, un autre parti est en droit de le faire, d'où l'avantage de créer plusieurs formations politiques. Soit pour permettre de savants mouvements de vases communicants. Soit pour permettre à une même personne de verser plusieurs contributions. Une pratique qu'analyse le très sérieux Groupe d'Etats contre la corruption (Greco), émanation du Conseil de l'Europe.


Pratiques immorales de personnes morales


Les experts de Greco expliquent que les candidats incitent leurs supporters à faire transiter leur obole par les partis. En effet, le plafond autorisé des dons y est supérieur : 7 500 euros défiscalisés pour un parti, contre 150 euros par chèque uniquement pour un candidats. Et sans contraintes. Car contrairement aux dons des particuliers, dont le montant ne peut dépasser 20% du budget d'une campagne électorale, ceux d'un parti ami sont libres.
Sarko n'est pas le seul à connaitre l'astuce, comme lui, Philippe de Villiers bénéficie du soutien de trois partis : le Mouvement pour la France (MPF), bien sûr, mais aussi Combat pour les valeurs et Non à la Turquie en Europe. En épluchant les comptes de ces trois formations, on découvre qu'en 2007 la troisième a versé 115 000 euros au MPF et, dans le même temps, a perçu 306 000 euros de la première.
Le poète Dominique de Villepin dispose également de son propre parti politique baptisé Courage République. Fondée le 13 novembre 2006, cette formation affiche un budget de 11 900 euros. Depuis, l'ex-Premier ministre a créé une association type loi 1901. Avantage : contrairement au parti, elle peut bénéficier de dons de personnes morales, donc les entreprises.
Ségolène royal utilise la même technique. Pierre Bergé héberge quasi gratuitement les amis de la présidente de Poiyou-charentes dans des locaux du boulevard Raspail, à Paris. Parti politique jusqu'à la présidentielle 2007, Désirs d'avenir est devenu une association depuis. Là encore pour accueillir légalement de généreux donateurs privés et anonymes. En attendant de redevenir un parti en 2010 et de mettre la manne récoltée au service d'une candidate ?
Copé, lui, a déjà pensé à tout. Même à 2012. Son club Génération France est en fait un parti politique. « Le débat y est plus libre », explique le président-fondateur. Et les dons seront également les bienvenus...

mardi 27 octobre 2009

Les acteurs du procès Clearstream n’était pas au complet

Quatre témoins essentiels « oubliés ». Point commun : ils risquaient de mettre en cause Chirac.


Premier grand absent, Claude Guéant. Le secrétaire générale de l’Elysée a pourtant affirmé connaître les auteurs de la manipulation. Et, il n’y a pas si longtemps, il accusait Chirac d’en être le cerveau.
Fin 2004, puis à nouveau le 28 février 2005, Sarkozy et Guéant convoquent Yves Bertrand, ex-patron des RG. Ils lui disent savoir que c’est lui, le maitre d’œuvre des fichiers truqués. Aidé, précisent-ils, de Philippe Massoni, un chiraquien pur jus chargé des questions de sécurité à l’Elysée. Yves Bertrand raconte cet épisode dans une note remise à Villepin en mars 2005 : Sarkozy « tenait des propos à la limite de la menace visant (…) certains membres de l’entourage du président de la République qu’il soupçonne de complot monté contre lui ». Comment Guéant qui a confirmé la réalité de ces rencontres, peut-il être aussi affirmatif ? Sur quelles informations se fonde-t-il ? Ces questions n’intéressent pas le tribunal.
Autre absent de marque, Laurent Le Mesle, aujourd’hui procureur général de Paris. En septembre 2007, Villepin livre cette information stupéfiante, dans une note aux juges d’Huy et Pons : en juillet 2004, il a participé, à l’Elysée, à une réunion consacrée à l’affaire Clearstream avec Chirac et Le Mesle, son ancien conseiller pour la justice, devenu ensuite directeur de cabinet du garde des Sceaux. Selon Villepin, Le Mesle a vivement recommandé de ne pas informer le juge Van Ruymbeke des éléments réunis lors de l’enquête du général Philippe Rondot. Notamment de ses sérieux doutes sur l’authenticité des listings. Etrange conseil venant d’un haut magistrat tout de même.
Villepin réitère ses accusations à plusieurs reprises, et propose même aux juges d’être confronté à Le Mesle. Cette rencontre ne sera jamais organisée. Si Villepin dit la vérité, Le Mesle serait pourtant susceptible d’être renvoyé avec lui devant le tribunal, pour ne pas avoir informé le juge Van Ruymbeke de ce léger détail. On lui demandait d’enquêter sur la base d’une dénonciation calomnieuse. Chirac serait d’ailleurs lui aussi « complice » pour avoir donné l’ordre à Villepin de se taire. C’est peut-être pourquoi cet épisode n’intéresse personne.
Autres figures de choix au cercle des témoins disparus, Michèle Alliot-Marie à l’époque ministre de la Défense, et son directeur de cabinet, Philippe Marland. Eux aussi savaient, grâce aux investigations de Rondot, que les listings étaient truqués. Et eux aussi se sont tus, comme l’a rappelé Villepin à la conclusion des débats.
Tout commence par une grosse colère de MAM, le 12 janvier 2004, lorsqu’elle apprend que Villepin a chargé Rondot d’une enquête secrète. Normalement les ordres ne doit venir que de la ministre de la Défense. Rondot se fait passer un sévère savon, au point d’entrer dans une profonde déprime, et pensant à démissionner. Mais, à ce jour, Rondot rend régulièrement compte à MAM de l’avancée de son enquête, via des notes détaillées à son directeur de cabinet, François Marland. Puis le 27 juillet 2004, MAM sait que les listings sont des faux. Et personne ne fait rien pour en informer le juge. Rien non plus pour alerter Sarko de ce qui se trame…
Encore un épisode qui n’intéresse pas le tribunal. Et plus curieux encore, qui ne trouble pas l’une des victimes et partie civile nommée Sarkozy.


Pacte de non-agression

L’affaire Clearstream a donné lieu à d’étonnants échanges d’amabilités entre Sarko et Chirac. Le Président ne cesse ainsi de répéter à son entourage que son prédécesseur « n’a jamais participé à la machination ». Dans les couloirs du procès, l’avocat de Sarkozy, Thierry Herzog, multiplie d’ailleurs les paroles apaisantes pour Chirac. De son côté, l’ancien président s’est abstenu d’accorder le moindre soutien à Villepin. Il l’a même enfoncé. Le 22 juin 2007, un mois après sa sortie de l’Elysée, Chirac faisait ainsi savoir qu’il démentait « catégoriquement avoir demandé la moindre enquête visant des personnalités politiques dont le nom a pu être mentionné ». Cette mise au point, fort mal reçue par l’intéressé, donnait à penser que Villepin avait agi de son propre chef. Depuis, Chirac s’est toujours refusé à livrer d’autre confidence sur le dossier. Ces démonstrations croisées de gentillesse installe un « équilibre de la terreur » entre Chirac et Sarko. D’un côté, Chirac a besoin de Sarko pour régler ses propres problèmes judiciaires. De l’autre, l’ancien président se vante, en privée, de posséder des dossiers très gênants sur les activités passées de son successeur.

jeudi 1 octobre 2009

+1 pour les élus ripoux

Il restera au moins une chose de la loi pénitentiaire saccagée par la ministre de la Justice et l'UMP: un petit amendement, adopté en douce par la commission des Lois de l'Assemblée, le 8 septembre, puis voté vite fait par les députés, sans autre explications et sans le moindre débat, le 16 septembre. Juste une ligne de texte : « L'article L7 du Code électoral est abrogé. »
Il s'agit ni plus ni moins d'une délicieuse auto-amnistie. Ce « L7 » prévoit la radiation automatique des listes électorales des élus et fonctionnaires condamnés pour corruption ou recel en tout genre. Il date de 1995, époque durant laquelle la lutte contre les ripoux était à la mode. Il rendait inutile qu'un juge prononce spécifiquement la radiation pour 5 ans des listes électorales. Le préfet s'en chargeait dès la condamnation définitive. Voilà plus de dix ans que ce maudit article L7 empoisonne la vie, entre autres, des malheureux Alain Juppé, Pierre Bédier, Jacques Masdeu-Arus(UMP), François Bernardini(PS) et qu'il menace Dominique de Villepin, prévenu de « recel » dans l'affaire Clearstream, au cas où il se présenterait enfin à une élection.
Ce type de peine automatique n'est pas monnaie courante dans une démocratie. Et la cour européenne en a vivement critiqué le principe. Ce qui permet de dissimuler la manœuvre sous des habits progressistes. On doit d'ailleurs son abrogation inespérée au socialiste Jean-Jacques Urvoas, soutenu par Jean-Paul Garraud, rapporteur UMP de la loi pénitentiaire. Avec l'accord de l'ensemble de la commission des Lois.
« C'est une énorme bêtise, dont je ne suis absolument pas solidaire et qu'il faut réparer d'urgence! » déclare Arnaud Montebourg, qui a déjà contacté son ami Urvoas pour lui dire sa colère. Dommage pour Urvoas qui a vainement bataillé heure par heure, avec 368 amendements, dans l'espoir de rendre un peu de sens à la loi pénitentiaire. Mal à l'aise, le député PS avoue « je comprends que l'on s'interroge sur l'opportunité de cet amendement dans cette loi. D'ailleurs, si cela pose un vrai problème, je veillerai à le faire enlever. Mais juridiquement, il est très cohérent. ».
Alors pourquoi ne pas en avoir débattu publiquement?. Cette sorte d'amnistie des politiques, alors que la ministre de la Justice, le rapporteur et la majorité repoussent une nouvelle fois le principe de cellules individuelles, aurait apporté un peu de fraîcheur à l'affligeant débat pénitentiaire.

Les suicides de France Télécom

VINGT-DEUX suicides, quatorze autres tentatives officiellement recensées, dis-huit mois de silence ou de déni avant que le PDG de France Télécom, Didier Lombard, cesse de regarder les salariés tombés. Le 15 septembre, après une rude bataille menée par les syndicats et une mise en demeure du ministre du Travail, brusque réveil. Lombard affirme alors ne plus penser qu'à « arrêter la spirale infernale ». Il annonce la mise en œuvre d'un nouveau «  nouveau contrat social ». il le fait haut et fort dans tous les médias. Télévisions, radios, « Le France Télécom du mois de décembre ne sera pas le France Télécom d'aujourd'hui ». Tout en refusant de geler les restructurations au-delà du 31 octobre, comme l'exigent les syndicats.
En regardant de plus près, le chemin sur lequel se hâte désormais le PDG de France Télécom avait été tracé 2 ans plus tôt, par Carlos Ghosn, patron de Renault, après la vague de suicides qui avait frappé son technocentre de Guyancourt (Yvelines). C'est quasiment un copier-coller, comme si les vieux copains du CAC 40 se refilaient les bons tuyaux pour sortir de la mouise.
Quand Antonio, le géomètre s'écrase devant ses camarades au pied du paquebot de verre de Guyancourt, un matin d'octobre 2006, seuls la CGT et SUD s'alarment. Ailleurs c'est le silence. Pourtant comme France Télécom, Renault maltraitait ses employés. Isolement, désarroi. Des agents crevaient du manque de communication, des cadres tremblaient de ne pas être performants. Privatisation, culture d'entreprise saccagée, brutalité du management, objectifs inhumains, tout se jouait à huis clos.
Quelque mois après Antonio, Hervé se jette dans une pièce d'eau. On l'avait collé devant un ordinateur sans lui en donner le mode d'emploi. Et puis Raymond se pend. Il a eu peur d'être licencié. La « Ruches », les « open-spaces », les plantes vertes, le formidable centre high-tech, fort de 12 000 salariés, où sont conçues les voitures de demain, tout se dégrade. Les syndicats se rebellent. Sous la pression, Carlos Ghosn reconnaît des « tensions objectivement très fortes sur le site ». Le tabou du suicide tombe enfin. La direction de Renault explique aujourd'hui qu'il a fallu comprendre, ensuite calmer puis entamer la reconstruction. Comme vient de faire France Télécom, le constructeur automobile choisit le cabinet Technologia pour enquêter sur les risques psychosociaux au sein de l'entreprise. Deux ans après les suicides chez Renault, la parole va être donnée aux salariés de l'opérateur téléphonique.

Bonjour détresse

A Guyancourt, 6000 personnes ont répondu au questionnaire de Technologia pour un résultat sans appel: 30 % des salariés du technocentre de Renault souffraient de détresse au travail. Le navire prenait l'eau, la direction a colmaté en urgence : réévaluation des ressources en fonction des charges de travail, suspension provisoire de la mobilité géographique. Deux milles personnes ont été formées à la détection des problèmes sociaux. Mise en place d'un « chargé des relations humaines de proximité » pour 350 salariés, horaires de travail restreints. Une « journée de l'équipe », où l'on cesse de bosser pour réfléchir est instaurée. Forum « Forme et Santé », atelier massage, entrainement à la « petite sieste » sur le lieu de travail, séances chez le psy réglées par l'entreprise, coiffeur pour remonter le moral...
« La souffrance a été identifiée. Il fallait réapprendre à se dire bonjour »explique un responsable de la CGC de Guyancourt. « Avant, quand tu pétais un plomb, c'était la sanction. Maintenant, c'est l'infirmerie et le soutien », concède un cégétiste du technocentre.

Au moins un ne déprime pas

En 2008, France Télécom annonçait un bénéfice net de 4,1 milliards, contre 6,3 l'année précédente. Le 18 septembre, tache noir dans le CAC 40 en hausse de 19%, l'action de France Télécom accusait une perte de 9% depuis le mois de janvier. Mais que l'on se rassure, ces mauvaises nouvelles n'affectent pas la belle santé financière de didier Lombard. Le PDG de France Télécom a vu sa rémunération globale passer de 1 504 675 euros en 2007 à 1 655 985 euros l'année suivante, avec une progression de 25,66% de la part variable. Vraiement pas de quoi déprimer...

vendredi 18 septembre 2009

Yaourt hyper concentré

C'est un pavé dans le pot de yaourt que lance un chercheur français dans la prestigieuse revue scientifique « Nature » (septembre 2009). Pour Didier Raoult, patron du labo de virologie de la Timone, à Marseille, les yaourts et autres boissons lactées farcis aux probiotiques que l'on nous fait avaler depuis près de vingt ans auraient leur part de responsabilité dans l'épidémie d'obésité qui frappe les enfants. Les probiotiques, vous savez, ce sont ces bactéries censées booster nos défenses immunitaires que Danone ajoute à la pelle dans certains yaourts. On en trouve plus d'un milliard par pot d'Activia ou d'Actimel. Le problème est que ces « bonnes bactéries actives et vivantes », sont les mêmes que celles utilisées depuis longtemps dans les élevages industrielles comme activateurs de croissance. En gros, pour faire grossir à vue d'œil cochons et poulets. Un porc gavé de probiotiques, c'est au moins 10% de plus sur la balance. Apparemment, la recette s'applique aussi chez les humains.
Et Didier Raoult de rappeler cette étude plutôt flippante. En début d'année, des chercheurs ont comparé la flore intestinale des obèses et des non-obèses. Surprise, les premiers étaient bourrés de probiotiques, ceux justement que l'on trouve dans les yaourts « santé ». « On a autorisé pour l'alimentation humaine des activateurs de croissance utilisés dans les élevages, sans chercher à savoir quel serait l'effet sur les enfants », s'étonne le professeur. Et celui-ci de réclamer des études pour connaître le rôle précis de tous ces produits lactés dans l'épidémie d'obésité infantile. D'autant que les enfants ont droits aux mêmes concentrations de probiotiques dans les yaourts que les cochons ou poulets. Faudrait peut-être que Danone arrête de tourner autour du pot.

mardi 25 août 2009

Artistes

http://rapidshare.com/files/271226255/D_sob_issance.rar.html
MDP : laplume1870

N’ayons pas peur car nous sommes le monde, le système n’est rien sans nous,
à nous de reprendre l’espace public, de récupérer nos rues, de reprendre en main nos quartiers,
On nique pas le système en voulant le détruire, on nique le système en construisant sans lui,
Alors construisons, reprenons nos vies en mains, car les leurs sont pleins de sang…
Echangeons, on a tous quelque chose à apporter à l’autre,
Et donnons plus nos compétences qu’à Babylone,
Donnez les à la résistance qui t’enroute, On fait tous partie de la solution,
N’oublions pas qu’on est le monde, même s’ils ont le chiffre on est plus fort on a le nombre !
Un peuple uni ne sera jamais vaincu.

Keny Arkana

dimanche 12 juillet 2009

Exploitation des pays du Sud

Le niveau de vie actuel des pays du Nord n’est permis que par le pillage en règle des pays du Sud. Cette situation d’exploitation, de colonialisme contemporain, est peu connue en dehors des cercles de spécialistes ou de militants, elle est pourtant étayée par de multiples exemples.

Voici trois exemples récents de ce pillage, parmi tant d’autres, qui vont nous aider à comprendre les mécanismes sur lesquels s’appuie la fabrication des objets qui nous entourent :




a) Le coltan (Colombo-Tantale) est un minerai essentiel à la fabrication des téléphones mobiles, dont 80% est fourni par la république du Congo. Un rapport des Nations unis suggère que l’armée rwandaise aurait gagné 250 millions de dollars en moins de 18 mois, grâce au pillage du Congo. De même pour les forces armées de l’Ouganda et du Burundi. Les commandes de minerai passées par les pays du Nord alimentent directement la guerre civile locale. Par ailleurs, les mineurs de coltan sont tous d’anciens fermiers et l’on peut craindre que les savoir-faire agricoles soient perdus et que se pose douloureusement la question du reclassement et de la survie quotidienne de ces populations si cette manne financière occidentale venait à cesser. Enfin, cette exploitation forcenée du Congo n’est pas sans impact sur la survie des gorilles de la région, ce qui finit par apparaître comme un léger dommage par rapport aux horreurs précédentes. Conclusion : nos achats de téléphones portables financent la guerre au Sud.



b) Le pétrole : Sans revenir sur les exemples évidents de la guerre en Irak, voici ce que l’on a pu entendre au procès ELF : « ELF a été crée pour maintenir l’Algérie et les rois nègres dans l’orbite française par le biais du pétrole. Avec les Algériens, ça a capoté. Avec les rois nègres ça se poursuit » explique l’ex-présidant d’ELF au tribunal (juin 2003). Dans Billets d’Afrique, Odile Tobner poursuit : « L’affaire ELF, qui restera dans l’histoire africaine comme une sorte de Watergate avorté, était en fait le symptôme de la maladie qui atteint le cœur de l’Afrique. Partout où il y a une odeur de pétrole, il y a toujours une guerre. Du Soudant au Tchad, au Congo, à l’Angola, en passant par l’Algérie et le Nigeria, les conflits, derrière le masque de l’ethnicisme ou de la religion, n’ont pour enjeu que le contrôle des sites pétrolifères. » Conclusion : Le plein d’essence finance la guerre au Sud.



c) Le nucléaire : En France, nous avons opté pour une soi-disant indépendance énergétique en faisant le pari du nucléaire. Indépendance certes, par rapport au pétrole, mais 100% de l’uranium utilisé dans nos centrales est importé. Une indépendance toute relative, qui s’appuie en fait sur les extractions de minerai du Sud.




Ces exemples illustrent bien la façon dont les économies du Nord sont tributaires de l’exploitation des ressources du Sud. Ils montrent à quel point nos achats créent et entretiennent certaines catastrophes du monde en développement (un dernier exemple, les exportations de bois exotiques en France, dont un quart de commandes publiques sont le premier responsable de la destruction des forêts tropicales de l’Ouest africain).

Un traitement humanitaire d’urgence est parfois la meilleure réponse devant une catastrophe au Sud, mais nombre de crises n’existeraient tout simplement pas si nous mesurions toutes les conséquences de nos achats quotidiens et décidions de les modérer en conséquence. L’humanitaire est une forme de charité, mais celle-ci ne doit pas nous satisfaire. C’est bien une exigence d’égalité, de justice, que nous devons viser. Le préventif (l’égalité, la justice) est toujours préférable au curatif (la charité).

samedi 6 juin 2009

C'est bon les chips

Tout commence il y a sept ans. Des chercheurs suédois détectent par hasard dans les chips un véritable poison, l’acrylamide*. Cette substance, à forte dose, peut provoquer des cancers du système nerveux et reproductif. Elle apparaît quand on cuit, à très haute température (plus de 120 °C), frit ou rôtit n’importe quel produit contenant de l’amidon. Aussitôt c’est le branle-bas de combat. L’équivalent allemand de notre Agence française de sécurité sanitaire des aliments dresse une première liste de tout ce qui peut contenir de l’acrylamide dans notre assiette. Pas moins de 73 douceurs (frites, crackers,chips, biscuits sucrés type spéculoos, chocolat en poudre…)
La commission européenne demande alors aux industriels de modifier illico leur procédé de cuisson pour faire chuter la quantité d’acrylamide. Elle lance en 2003 un grand programme de recherche, baptisé « Heatox », pour lequel se mobilisent 24 équipes issues de 14 pays. Mais depuis, silence radio. Et pour cause, l’acrylamide est pire que ce l’on imaginait. Non seulement éviter la formation de ces particules toxiques n’est pas facile, mais surtout l’acrylamide n’est guère que l’arbre qui cache la forêt. En creusant, les scientifiques ont en effet découvert que la cuisson industrielle des aliments contenant de l’amidon génère plus de 800 composés chimiques, dont 50 fortement soupçonnés d’être cancérigènes ou génotoxiques, tels que le furanne ou le « HMF ». Une nouvelle empoisonnée que les industriels de l’agroalimentaire font tout pour ne pas ébruiter. Sans doute la transparence des procédés de fabrication sont plus toxique que l’acrylamide…


l’acrylamide : http://fr.wikipedia.org/wiki/Acrylamide

dimanche 19 avril 2009

Une chasse d'une nouvelle génération est ouverte

Vous sortez du cinéma, vous marchez dans la rue, votre téléphone portable sonne. Une voix vous conseille de vous rendre dans le resto mexicain d’en face. Pourquoi ? Parce que vous avez visité récemment le site internet Wikipédia sur le Mexique, regardé Luis Mariano sur YouTube, et consulter une recette sur les tapas. Autant d’indices qui ont permis à un ordinateur de détecter en vous le « mexicanophile ». Il vous a répertorié et fiché comme tel. Comment le resto d’en face vous a-t-il repéré ?, par satellite, le GPS de votre mobile vous a trahi.

Ce n’est pas de la science-fiction, à peine une légère anticipation. Les défenseurs des libertés s’inquiètent déjà. Jusqu’alors, ils bataillaient seulement pour que les moteurs de recherche ne conservent pas l’historique de vos visites sur le net et ne le transmettent pas à n’importe qui, dans le but d’identifier vos tendances politiques, religieuses ou sexuelles…

Désormais, ils se préoccupent aussi d’empêcher que vous ne serviez de cible commerciale. Car vous êtes de plus en plus surveillé, traqué, utilisé par les grandes puissances de la Toile. Rien ne leur échappe dès lors que vous êtes inscrit pour bénéficier de leurs services gratuits. Eux, en retour, se font payer en vendant les données qu’ils recueillent sur vous.

Les commanditaires de cette longue traque ?, les publicitaires qui espèrent avoir trouvé leur Graal avec le ciblage comportemental. Ils veulent cerner le consommateur au plus près, connaître ses désirs afin de les devancer. Google a annoncé, début mars, le lancement de son offre de pub ciblée qui permet d’adresser un message aux internautes sélectionnés à partir de leur intérêt pour tel produit ou service. Sur Facebook ou Myspace, les annonceurs peuvent choisir leur audience par âges, sexes, lieux et centres d’intérêt.

Aux Etats-Unis, les investissements publicitaires sur ce type de sites ont atteint 1,4 milliard de dollars en 2008, quatre fois plus qu’en 2006, selon eMarketer, un cabinet spécialisé. Ciblée ou non, la pub en ligne pourrait représenter 10% des dépenses publicitaires cette année, et 15% en 2013. A cette date, elle devrait s’élever à 3,3 milliards rien que pour le téléphone. En France, Publicis compte réaliser 25% de ses revenus avec le numérique en 2010.

Cette manne énorme bouscule toutes les barrières. « Les données personnelles sont le nouveau pétrole de l’Internet », s’est inquiétée, le 31 mars, Meglena Kuneva, commissaire européenne à la protection des consommateurs. Elle craint que ne s’impose la loi du plus fort. « Il y a une perte de contrôle des utilisateurs sur les données collectées », s’était déjà plaint Alex Turk, le président de la Cnil, le 12 mars dans le journal les Echos.


Menace virtuelle


Jusqu’à quel degré d’intimité la vente des informations personnelles peut-elle aller ? Votre situation financière, votre état de santé pourraient intéresser bien des entreprises… et entrainer beaucoup de discriminations pour le faible ou le déshérité. Meglena Kuneva a donc adressé une mise en garde aux géants du Net : « Si aucune réponse claire n’est apportée sur nos préoccupations concernant la collecte de données, alors nous agirons ». Mais elle s’est gardée de fixer le moindre ultimatum.

Les internautes restent heureusement leurs meilleurs défenseurs. Quand Facebook a annoncé fin 2007, son intention de livrer aux annonceurs les coordonnées de ses membres, le site a dû reculer devant le tollé… Un précédent qui a fait réfléchir tous les géants du Web, mais ne les a pas fait renoncer à la ruée vers l’or des données personnelles.

samedi 28 mars 2009

Loi internet divise la majorité

Les critiques les plus meurtrières contre la loi de Christine Albanel sont venues de la droite.


Il était temps que le débat s’interrompe jusqu’au 31 mars. La ministre de la Culture en était à trouver « ridicules » ses opposants, qu’elle accusait de présenter son œuvre comme une « sorte d’antenne de la Gestapo ». Ce qui est le signe d’un certain énervement. Christine Albanel a vite retiré son propos, qui visait aussi bien la gauche que sa majorité. Son projet de loi contre le piratage télécharge bien des critiques, surtout le point concernant la création d’une Haute Autorité de protection des droits sur Internet (Hadopi), chargée de réprimer l’internaute pris à planter le drapeau pirate sur son ordinateur. Les socialistes du Sénat l’avaient approuvé en octobre. Depuis, leurs collègues de l’Assemblée ont pris le contre-pied et ils la combattent sans pitié. La droite n’est pas en reste. Jeudi 12 mars, un élu UMP, Lionel Tardy, a même manifesté devant le Palais-Bourdon avec de jeunes socialistes. Ils sont au moins cinq députés, la semaine dernière, à l’abordage du texte de la ministre. Tous pour de solides raisons.


Loi obsolète


Jean Dionis du Séjour, député-maire Nouveau centre d’Agen, a rappelé qu’en 2006, le parlement avait adopté un projet de loi anti-piratage sous la houlette de Donnedieu de Vabres, prédécesseur d’Albanel à la Culture. Nicolas Dupont-Aignan, député de l’Essonne, a abondé : « Votre loi est déjà obsolète. Plutôt que de s’interroger sur les raisons de ce fiasco législatif(…), votre gouvernement sous la pression de quelques célébrités, veut s’arcbouter un peu plus comme un enfant qui croit défier la mer avec son château de sable ».


Usine à gaz


Le même Dupont-Aignan a dénoncé « l’installation d’une usine à gaz administrative et judiciaire au coût délirant ». Lionel Tardy, député UMP de Haute-Savoie, a ironisé : « Le projet est calibré pour décider jusqu’à 1000 sanctions par jour, prises par un conseil de trois personnes. Cela représente 333 décisions par personne, 47 décisions par heure et par juge, soit un peu plus d’une minute par dossier, soit vingt-cinq secondes par décision ». C’est piratecop !!!


Dispositif inefficace


« Le risque est grand d’être inefficace, en créant une nouvelle ligne Maginot législative », a jugé Patrice Martin-Lalande, député UMP de Loir-et-Cher. « Soyons lucides, l’identification des contrevenants sera difficile à mettre en œuvre, a expliqué Dionis du Séjour, lourde en contentieux et particulièrement coûteuse. Les zones wifi, les réseaux cryptés, les usurpations d’adresses IP seront autant d’obstacles qui rendront l’identification des contrevenants complexe.» alain Suguenot, député UMP de Côte-d’Or, a mis les points sur les « i » du wifi : « Nous ne pouvons pas transiger sur le respect de la justice. Comment sanctionner le vrai coupable ? »


Sanction contestable


« La suspension de l’accès à internet est un véritable mauvais choix », a déclaré Dionis. Justement la coupure sera difficile à effectuer pour les abonnées qui disposent d’une offre triplée (Internet, téléphone et télévision). Certains opérateurs ne savent pas le faire. Cela va leur demander d’investir 70 millions d’euros selon eux, répercutés sur le consommateur bien sûr. Plus grave, le fautif devra continuer à payer son abonnement pendant la durée de la suspension : « Madame la Ministre, supprimez au moins cette provocation, je veux bien me mettre à genoux, s’il le faut », a supplié Dionis, fervent catho. Lionel Tardy a dénoncé un projet liberticide : « L’internaute poursuivi n’a ni accès au dossier ni possibilité de répondre avant le prononcé de la sanction. Il y a donc là une inconstitutionnalité flagrante.»

Avec de telles critiques venues de la majorité, on comprend qu’Albanel ait eu besoin de passer ses nerfs sur l’opposition.

lundi 2 mars 2009

Les armes disparues d’Afghanistan

Un organisme réputé du congrès américain, le GAO (Government Accountability Office), l’équivalent de notre Cour des comptes, cautionne un bilan du matériel militaire perdu en Afghanistan. En 46 pages, ces experts ont dressé un déprimant bilan pour la Grande Amérique et ses alliés, des trois dernières années passées à combattre talibans, insurgés nationalistes et commandos d’Al-Qaïda.
Le GAO affirme avoir perdu la trace de 87 000 armes (M-16, mortiers, etc.) sur les 242 000 expédiées en Afghanistan par le Pentagone. Le rapport mentionne que 135 000 armes fournies par les pays de l’Otan à l’armée et à la police afghanes ont, elles aussi disparu. Et de souligner la « corruption » et la « laxisme » des dirigeants de Kaboul. L’explication est un peu courte, car il ne s’agit pas seulement d’arnaque ou de revente à bon prix aux talibans. Selon les auteurs de ce document, nombre de soldats afghans formés par les officiers de l’Otan choisissent de déserter à la fin de leur instruction. Avec l’intention de rejoindre les rangs des insurgés ou les seigneurs de guerre qui règnent sur le trafic d’opium dans certaines provinces, et qui participent, dans de nombreux cas, aux combats contre l’occupant.
Cette guerre qui a plus de sept ans d’âge, figurait bien au menu de la réunion, les 19 et 20 février des 26 ministres de la Défense de l’Alliance. A Cracovie, ce jour-là, une note confidentielle de l’Otan a été remise aux participants. Elle contenait des statistiques en rien réjouissant. Pour l’année 2008 : assassinats et enlèvements +50%, pertes alliés + 35%, civils afghans tués +46% etc. S’y ajoutait l’affirmation du caractère « précaire » du régime du président Karzai et du climat de « corruption » locale.
Vedette de ces réflexions guerrières, Robert Gates, patron du Pentagone, a décrit aux ministres l’escalade militaire à laquelle se livrent désormais les insurgés, et prédit une crise majeure avant l’élection présidentielle afghane, prévue en août. Chef des troupes engagées sur place, le général US McKierman en a rajouté et il a annoncé que « 2009 sera la pire des années pour ses soldats ». C’est dire si, après cette aimable description d’un avenir aussi radieux, la délégation américaine voulait convaincre ses alliés d’accomplir de nouveaux efforts militaires et financiers. Difficile de suivre Washington sur ce terrain. Obama prévoit d’engager davantage de troupes et de crédits en Afghanistan, et d’y dépenser 100 millions de dollars par jour. Ainsi il a promis à ses généraux de leur envoyer, avant l’été, 17 000 hommes en renfort et de porter bientôt à 60 000 les effectifs de leur corps expéditionnaire.
Malgré l’exemple fourni par les Américains, et leurs revendications alliés récurrentes, les ministres alliés présents à Cracovie n’ont guère montré d’enthousiasme. Les Britanniques se sont engagés à envoyer 2 500 soldats en renfort, ce qui portera le nombre des militaires de Sa Majesté à environ 10 000 hommes. Plus modestes, les Allemands en promettent 600 et les Italiens 500.

Cinq milliards évanouis

Ministre français de la Défense, Hervé Morin n’a pas fait un triomphe. « La France n’envisage pas d’augmenter son contingent à court terme » a-t-il déclaré. Peut-être que plus tard, Sarkozy acceptera de consentir un effort ?. L’état-major examine la possibilité, si le Président veut jouer les bons alliés, de dépêcher a Kaboul entre 100 et 800 nouveaux combattants. Quelques dizaines de membres de la DGSE iront sans doute former au métier des barbouzes afghans. On pourrait leur demander de rechercher, sinon les armes disparues, plusieurs milliards évanouis dans la nature.
En juillet 2008, lors d’une conférence internationale à Paris, les pays donateurs avaient décidé d’allouer 21 milliards de dollars d’aide à l’Afghanistan. Tout n’a pas été versé mais, sur les 14 milliards déjà partis vers Kaboul, un tiers s’est perdu en route selon la comptabilité de l’Otan, comme le rapporte un analyste des services français de renseignement.
A croire qu’un émule de Madoff fait des siennes là-bas.

jeudi 12 février 2009

L'iPhone la poule aux œufs d'or d'Orange

Une marge commerciale égale à 40% du chiffre d'affaires 40%, c'est tout bonnement époustouflant. Orange à réalisé ce chiffre avec la commercialisation de l'iPhone «3G» d'Apple. Ce chiffre aurait dû demeurer secret, comme la plupart des données financières de la téléphonie mobile. Mais il a été révélé par la cour d'appel de Paris, qui a statué sur les accusations d'entrave à la concurrence: Orange avait en effet obtenu le monopole de l'iPhone en France.
Dans son arrêt du 4 février qui confirme une décision rendue, le 17 décembre 2008, par le Conseil de la concurrence, la cour a mis fin à cette «entente» interdite par les règlements européens. À cette occasion, elle met au grand jour de gênants documents que l'opérateur a vainement tenté de faire écarter des débats, en prétendant qu'ils relevaient du «secret des affaires». Cela aurait été dommage.
Entre juillet et décembre 2008, Orange a vendu 450 000 iPhone 3G. Chaque vente a été couplée avec un abonnement moyen de dix-huit mois, à 86 euros HT. Soit un chiffre d'affaires global d'environ 700 millions pour cette période. Une fois déduits les amortissements et les frais généraux de l'opérateur, il est resté un petit magot de 280 millions (40% du chiffre d'affaires, le double de ce que réalise le groupe de luxe LVMH, pourtant considéré comme un champion en la matière). Et après, notamment, déduction des sommes reversées à Apple au titre du contrat de partage des revenus, le bénéfice net s'est élevé à 140 millions.
Les experts du Conseil de la concurrence se sont même amusés à calculer que , pour réaliser ce bénéfice, Orange n'avait engagé que 6,6 millions de dépenses spécifiques à la 3G. Soit un retour sur investissement de plus de 2000%!!!. Quant à la subvention accordée sur chaque appareil, 310 euros contre 260 en moyenne, sur les autres téléphones, ce qui permet de facturer l'iPhone à 100 euros. Elle est amortie en moins de quatre mois d'abonnement.
L'affaire est d'autant plus rentable pour Orange car plus de la moitié des abonnés à l'iPhone ont été arrachés à ses concurrents. Soit plus de 200 000 nouveaux clients, qualifiés par l'opérateur de « technophiles à haut revenu ». D'où leur facture égale, en moyenne à plus de deux fois celle d'un client normal. Lequel client attend avec impatience de voir si la concurrence va faire baisser les prix, ou si les opérateurs vont continuer à exploiter cette mine d'or... à trois.

lundi 12 janvier 2009

Au menu de la formation des élus

C’est la loi : les 550 000 élus locaux ont droit à une formation adaptée à leurs fonctions, pour les aider à remplir leur mandat. Les mairies, communautés urbaines, conseils généraux et régionaux y consacrent chaque année, pour chaque élu, de quelques dizaines euros dans les petites communes à près de 5000 dans les assemblées les plus riches. Au total, ces budgets représentent plusieurs dizaines de millions, mais aucun chiffre précis n’est disponible. Cette formation est censée enseigner aux élus les rudiments des finances publiques, les joies du code des marchés ou les arcanes des règlements d’urbanisme. Quelque 165 sociétés et associations agréées par le ministre de l’Intérieur se partagent se fleurissant marché. Certaines entreprises assurent un vrai travail, mais d’autres, plus ou moins bidon, servent avant tout de pompe à fric. Et enrichissent un peu plus des partis qui bénéficient déjà du financement de l’Etat. Ce n’est pas un hasard si du FN à la LCR, tous les mouvements politiques se sont dotés de leurs propres instituts de formation. Parfois, les programmes de travail se résument à l’organisation de gueuletons entre amis ou au remboursement de petits séjours au soleil. Qui soutiendra que l’on se forme bien le ventre vide et sous la pluie ?

Le 9 décembre, une rude soirée de travail attend 24 élus UMP de Paris dans un salon du Procope, restaurent historique du quartier de l’Odéon. Réunis pour une session de formation sur le développement des universités, les conseillers de Paris et ceux des arrondissements présents mettent les bouchées doubles. Au programme de cette studieuse assemblée : apéritif, homard, médaillon de veau aux petits légumes et omelette norvégienne. Chaque repas a été payé 90 euros au restaurent. Puis aussitôt refacturée 500 euros à l’Hôtel de Ville sous le beau nom de « formation ». Ce qui oblige, amusant paradoxe, un maire de Gauche à arroser un parti de droite. Un bénéfice net d’environ 9000 euros pour une association crée et dirigée par le parti de Sarkozy.
Pour sauver les apparences, trois personnes membres ou sympathisants de l’UMP avaient été invitées au Procope, histoire de prononcer deux mots sur la politique universitaire. Parmi elles, la ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, qui est aussi candidate à la tête de liste UMP pour les régionales en Ile-de-France. Très occupée, elle s’est contentée de passer une demi-heure au restaurant pour discuter de ses projets avec ses petits camarades. Présent également, l’ex-président de Paris-IV-Sorbonne, Jean-Robert Pitte, ne s’est pas davantage attardé. Seul son collègue de Paris-Dauphine, Laurent Batsch, est resté à table de l’apéro au pousse-café.
L’UMP Paris n’en n’est pas à son premier gueuleton du genre. Depuis les municipales de mars dernier, les élus se sont ainsi formé les papilles en rencontrant autour d’une assiette bien garnie l’ancien patron de l’opéra Hugues Gall, la présidente de la chambre de commerce de Paris, Geneviève Roy, et le préfet de police Michel Gaudin. Les factures, payées par la ville vont de 200 à 600 euros par convive.
Le banquet avec le préfet de police qui s’est tenu le 23 octobre dernier a été plus difficile à digérer. Après avoir reçu la facture, l’équipe Delanoë a en effet émis quelques doutes sur la réalité de ce « séminaire de formation » qui se résumait un souper en compagnie d’un haut fonctionnaire de la république. Pour amadouer une administration tatillonne et obtenir le remboursement des frais, l’UMP a donc imaginé et imprimé, après coup, « un programme de travail » hautement fantaisiste.

Côté socialistes, c’est le Centre de formation Condorcet qui est supposé enseigner le métier de l’élu. Une journée de travail est même organisée tous les ans à la Rochelle, la veille de l’université d’été du parti. Cette session d’études connaît une remarquable affluence. De nombreux élus s’inscrivent mais sèche les cours, ils se contentent de se faire rembourser leurs frais de transports et d’hébergement avec les crédits de formation de leur mairie ou de leur conseil général. Certains courants du PS se sont même dotés de leur propre centre de formation pour mieux financer leurs activités. Le royaliste Vincent Peillon, fondateur de l’Institut Edgar-Qui-Net le reconnaît ouvertement : « Cela peut permettre de faire fonctionner un club de réflexion. Cette activité, que j’ai arrêtée, a d’ailleurs laissé un petit bénéfice dans les caisses de mon institut.»
Au parti communiste, le Cidef assure la formation de plus de 2000 élus chaque année, pour des tarifs qui varient de 78 à 856 euros la journée, selon la taille des collectivités locales. L’argent versé par les mairies permet de financer une partie de la propagande du Parti. C’est-à-dire de « former » à la fois l’élu et l’électeur.

Officine qui terrorise des grands patrons

Selon le registre du commerce, Salamandre n’est qu’une minuscule société dont l’activité consiste à prodiguer à ses clients des « conseils » pour les affaires et la gestion. Emploie une poignée de salariés et un chiffre d’affaires plutôt modeste, autant qu’on puisse en juger, puisque ses dirigeants ne déposent plus leurs comptes au registre du commerce depuis 4 ans. Pourtant ce seul nom de Salamandre fait frémir bon nombre de pédégés et dirigeants d’entreprises, et pas n’importe lesquels, on parle là du gratin du CAC 40.
Comment cette étrange officine peut-elle ainsi semer la panique chez nos fiers et puissants capitaines d’industrie? Elle est dirigée par Pierre Sellier qui se fait volontiers passer pour un ancien des services de renseignement, avec lesquels il entretient des relations troubles et suivies. Sa société compte dans son conseil d’administration deux anciens de la DGSE*, François Mermet, ex-directeur général et Michel Lacarrière, ex-directeur du Renseignement.
Et Sellier collabore avec une sorte d’association, Les Arvernes, qui, comme Salamandre, s’est fixé pour tâche de défendre les entreprises touchant à la sécurité nationale française et européenne. Les Arvernes seraient une cinquantaine, pour la plupart des militaires en activité ou à la retraite. Affirmations invérifiables. En revanche, les actions de lobbying, de déstabilisations, les menaces même, sont bien réelles. Voici une histoire récente qui montre de quelle manière Salamandre et Les Arvernes défendent la patrie en danger.


Lundi 8 décembre 2008, la journée commence mal pour Michel Calzaroni. Le « communicant » de quelques-uns des plus grands patrons du CAC 40 vient de recevoir un courriel. Lequel concerne la société Atos, l’une des plus grosses boîtes françaises de services informatiques, pour laquelle « Calza » travaille depuis plusieurs années. Elle est dirigée, depuis un mois par l’ex-ministre de l’Economie Thierry Breton. Ce courrier électronique est un avertissement sans ambiguïté : « Je te recommande à titre amical de te barrer (d’atos) car il va y avoir du sang sur les murs.» Signataire : Pierre Sellier. La réputation du patron de Salamandre est telle que Calzaroni ne rigole pas du tout. « Trop dangereux pour porter plainte » confie-t-il.
A peine nommé en novembre dernier à la tête d’Atos, Thierry Breton reçoit des nouvelles des Arvernes. Par l’intermédiaire de son avocat, l’association a déposé plainte contre X, le 1er décembre, pout « tentative de corruption et abus de biens sociaux » auprès du procureur de Paris. La plainte vise en fait deux fonds américains, Centaurus et Pardus, actionnaires d’Atos à hauteur de 16%. Les Arvernes soupçonnent ces investisseurs sournois de vouloir démanteler le joyau informatique français.
« 60% des transactions par carte bancaire passent par les serveurs d’Atos, explique Pierre Sellier. Ils exploitent les radars automatiques. Ils ont eu le passeport biométrique et auront bientôt la carte d’identité électronique. Nous voulons empêcher que les actifs stratégiques d’Atos quittent la France. Pour cela, il faut virer Breton et mettre un industriel de confiance.» Sellier a d’ailleurs son candidat, « agréée par la Sécurité nationale et par l’Elysée». Lequel change au fil du temps : une fois, il s’agit du responsable informatique d’une grande banque, un autre jour, c’est l’amiral Lanxade de 74 ans, puis Dominique de Villepin. « Nous avons rien à voir avec Sellier », a assuré Claude Guéant secrétaire général de l’Elysée.
De quoi s’interroger. Car la stratégie du patron de Salamandre échappe au sens commun. Il avait d’abord proposé ses services à Atos. Le 31 mars 2008, il écrivait à Philippe Germond, alors patron de la boîte, pour l’aider à « décourager les deux fonds activistes qui manifestement l’embêtent ». Son offre étant restée sans réponse, il propose, le 26 avril 2008, ses bons conseils à l’autre camp, le fonds américains Pardus, qu’il met en garde contre les mensonges des dirigeants d’Atos. Ces vauriens utilisent, assure-t-il un « argument douteux : Atos est un joyau franco-européen dont les fons étrangers tentent de prendre le contrôle », presque mot pour mot la thèse défendue par Sellier lui-même. Comment expliquer ce double jeu ? Par la recherche de nouveaux contrats ? « Dans les deux cas, nous avons agi dans le sens de l’intérêt national.» rajoute Sellier.

* Direction générale de la sécurité extérieure