dimanche 14 octobre 2012

Les rats Monsanto

De toute façon il n'a pas choisi les bons rats. Deux ans de travaux, mais en ne choisissant pas les bons cobayes. Ce professeur Séralini est décidément bien niais et peu compétant. D'ailleurs c'est un militant puisqu'il se revendique anti-OGM, donc il est partie pris. Alors que tous les autres, les pro-OGM, font preuve d'une impartialité qui les honore. Non seulement ce Séralini a choisi la mauvaise souche de rats, mais il n'en a pas assez pris : 200 rats, ça ne suffit pas pour faire de bonnes statistiques. En plus il prétend que son étude est une première et que jamais on n'avait testé aussi longtemps les effets d'un OGM sur les rats : ce n'est pas vrai. De toute façon, tranche un professeur australien (rf Les Echos 20/09), si cette étude est vraiment pertinente, « pourquoi les Américains ne tombent-ils pas comme des mouches ? ».

Comme on peut le voir, c'est un vrai tir de barrage qui a accueilli l'étude de Séralini, selon laquelle les rats nourris avec le maïs transgénique Monsanto NK 603 développent beaucoup plus de tumeurs que les autres et meurent de façon nettement plus précoce. Il est vrai qu'il l'a bien cherché, en lançant son étude scientifique avec une stratégie médiatique assurée par une agence de communication, exclusivité accordée au « Nouvel Obs » avec un titre à sensation « Oui, les OGM sont des poisons ! », documentaire sur France 5, film en salles, livre signé Séralini (chez Flammarion) et autre bouquin signé Corinne Lepage (chez Charles Léopold Mayer). Des questions se posent tout de même : est-ce ainsi que doit avancer la science ?, pourquoi M.Séralini s'est-il adressé à deux fondations privées, dont celle de Gérard Mulliez, le patron d'Auchan, pour décrocher les 3,2 millions qu'a coûté son étude ?, pourquoi ce genre de recherche n'est-il pas orchestré par des organismes d'Etat impartiaux et hors de toute influence ?

En lisant « Tous cobayes ! », le livre de Séralini, on a un début de réponse : parce que l'Etat n'est pas impartial, le ministre de la Recherche incite les directeurs de laboratoire à collaborer avec les industriels de façon à financer leurs activités. Etat et industriels marchent main dans la main, et s'associe pour écarter les gêneurs. Dernier exemple en date : la rude et longue bataille qu'a dû mener Irène Frachon contre experts et autorités en tout genre pour faire éclater le scandale du Mediator. Au long de sa carrière, Séralini en a vu des bâtons dans les roues, autorités de l'Inra et du CNRS qui se désolidarisent de ses études, crédits de recherche supprimés, violentes attaques publiques, notamment quand Marc Fellous, président de la Commission du génie biomoléculaire, l'a traité de « chercheur qui se prétend indépendant alors que ses études sont financées par Greenpeace », de « marchand de peur » dont « les déclarations médiatiques sont systématiquement contestées par la communauté scientifique ». (M.Fellous a été condamné pour diffamation).

Tout cela ne prouve pas que Séralini a raison. Son étude, comme bien d'autres avant elle, peut-être entachée d'erreurs, rectifiée, voire contredite par des recherches ultérieurs. Que la science avance à coups de controverses, c'est tout à fait normal. Mais cette affaire montre l'existence d'un climat détestable. Que des chercheurs qui se veulent à contre-courant en soient réduits à adopter des méthodes marketing pour se faire entendre, cela prouve, s'il en était besoin, que la recherche publique n'est pas toujours ce qu'elle prétend être : indépendante, au-dessus des jeux d'intérêts, guidée par le seul souci de la vérité. De plus en plus, elle penche du côté des lobbys industriels et néglige les simples citoyens...

Liens :

http://ogm.greenpeace.fr/nocivite-des-ogm-pour-la-sante-de-nouveaux-resultats-accablants

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