jeudi 1 octobre 2009

Les suicides de France Télécom

VINGT-DEUX suicides, quatorze autres tentatives officiellement recensées, dis-huit mois de silence ou de déni avant que le PDG de France Télécom, Didier Lombard, cesse de regarder les salariés tombés. Le 15 septembre, après une rude bataille menée par les syndicats et une mise en demeure du ministre du Travail, brusque réveil. Lombard affirme alors ne plus penser qu'à « arrêter la spirale infernale ». Il annonce la mise en œuvre d'un nouveau «  nouveau contrat social ». il le fait haut et fort dans tous les médias. Télévisions, radios, « Le France Télécom du mois de décembre ne sera pas le France Télécom d'aujourd'hui ». Tout en refusant de geler les restructurations au-delà du 31 octobre, comme l'exigent les syndicats.
En regardant de plus près, le chemin sur lequel se hâte désormais le PDG de France Télécom avait été tracé 2 ans plus tôt, par Carlos Ghosn, patron de Renault, après la vague de suicides qui avait frappé son technocentre de Guyancourt (Yvelines). C'est quasiment un copier-coller, comme si les vieux copains du CAC 40 se refilaient les bons tuyaux pour sortir de la mouise.
Quand Antonio, le géomètre s'écrase devant ses camarades au pied du paquebot de verre de Guyancourt, un matin d'octobre 2006, seuls la CGT et SUD s'alarment. Ailleurs c'est le silence. Pourtant comme France Télécom, Renault maltraitait ses employés. Isolement, désarroi. Des agents crevaient du manque de communication, des cadres tremblaient de ne pas être performants. Privatisation, culture d'entreprise saccagée, brutalité du management, objectifs inhumains, tout se jouait à huis clos.
Quelque mois après Antonio, Hervé se jette dans une pièce d'eau. On l'avait collé devant un ordinateur sans lui en donner le mode d'emploi. Et puis Raymond se pend. Il a eu peur d'être licencié. La « Ruches », les « open-spaces », les plantes vertes, le formidable centre high-tech, fort de 12 000 salariés, où sont conçues les voitures de demain, tout se dégrade. Les syndicats se rebellent. Sous la pression, Carlos Ghosn reconnaît des « tensions objectivement très fortes sur le site ». Le tabou du suicide tombe enfin. La direction de Renault explique aujourd'hui qu'il a fallu comprendre, ensuite calmer puis entamer la reconstruction. Comme vient de faire France Télécom, le constructeur automobile choisit le cabinet Technologia pour enquêter sur les risques psychosociaux au sein de l'entreprise. Deux ans après les suicides chez Renault, la parole va être donnée aux salariés de l'opérateur téléphonique.

Bonjour détresse

A Guyancourt, 6000 personnes ont répondu au questionnaire de Technologia pour un résultat sans appel: 30 % des salariés du technocentre de Renault souffraient de détresse au travail. Le navire prenait l'eau, la direction a colmaté en urgence : réévaluation des ressources en fonction des charges de travail, suspension provisoire de la mobilité géographique. Deux milles personnes ont été formées à la détection des problèmes sociaux. Mise en place d'un « chargé des relations humaines de proximité » pour 350 salariés, horaires de travail restreints. Une « journée de l'équipe », où l'on cesse de bosser pour réfléchir est instaurée. Forum « Forme et Santé », atelier massage, entrainement à la « petite sieste » sur le lieu de travail, séances chez le psy réglées par l'entreprise, coiffeur pour remonter le moral...
« La souffrance a été identifiée. Il fallait réapprendre à se dire bonjour »explique un responsable de la CGC de Guyancourt. « Avant, quand tu pétais un plomb, c'était la sanction. Maintenant, c'est l'infirmerie et le soutien », concède un cégétiste du technocentre.

Au moins un ne déprime pas

En 2008, France Télécom annonçait un bénéfice net de 4,1 milliards, contre 6,3 l'année précédente. Le 18 septembre, tache noir dans le CAC 40 en hausse de 19%, l'action de France Télécom accusait une perte de 9% depuis le mois de janvier. Mais que l'on se rassure, ces mauvaises nouvelles n'affectent pas la belle santé financière de didier Lombard. Le PDG de France Télécom a vu sa rémunération globale passer de 1 504 675 euros en 2007 à 1 655 985 euros l'année suivante, avec une progression de 25,66% de la part variable. Vraiement pas de quoi déprimer...

3 commentaires:

  1. J'ai eu a connaitre ce sujet encore sur google "suicide herve et patricia. Deux choses m'interpellent. Quanq alons nous parler de ceux qui "restent" la famille et les enfants. LE CHIFFRE DE 10 000 SUICIDES NfRANCE DONN2 PAR LA CPAM est faux. IL SUFFIT DE CONTACTER LES ASSURANCES QUI VOUS PARLENT DE 18000 à 20000 SOIT QUATRE FOIS PLUS QUE LA ROUTE.ET, IL SERAIT URGENT DE CONDAMNER LES RESPONSABLES DE CES MALHEURS,ET QUE LA JUSTICE, lORSQU'ELLE EST SAISIE,ne protege pas les collectivités ou les "gros employeurs"

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  2. Tout à fait d'accord

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  3. Il faut lire tout ce commentaire pour comprendre que la cause c'est le salaire du PDG.
    Alors moi qui connait bien cette entreprise pour y avoir travaillé, pour avoir été confronté à ce problème. je dis STOP! à tout ceux qui font flèche de tout bois.
    Certains personnels, syndicalistes et médias sont plus responsables que lui et on voudrait nous faire passer leurs irresponsabilités sous silence. Les mots malheureux n'ont que l'importance qu'on leur donne et c'est ce qui concoure au phénomène de propagation.
    Le problème vient aussi des agents de France Télécom qui sont des gens intelligents sélectionnés par concours, qui ont une culture et une discipline d'entreprise hors du commun. Quand un objectif est donné, il est aussitôt atteint, car chacun se sent responsable mais certains restent sur le tapis.
    Quand la France était la 14eme nation du monde dans les télécom en 1973 elle est passée à la première en tout électronique en 1985 en faisant émerger des groupes comme Alcatel et Thomson.
    Quand il a fallu passer à la norme Iso9000, tous les spécialistes pensaient que c'était impossible avec une entreprise composée à + de 80% de fonctionnaires et les certificateurs n'ont pu que distribuer des félicitations.
    Quand France Télécom a acheté Orange aux anglais et les meilleures start up des nouvelles technologies en France la dette était énorme. L'Europe voulait forcer à revendre Orange pour la payer mais FT s’y est opposé car elle se serait retrouvée comme British Telecom dans la situation de licencier 40000 fonctionnaires qu'elle avait recrutés pour construire le réseau.
    Non seulement FT a payé sa dette mais elle affiche une santé économique qui rend jaloux, pour des raisons obscures beaucoup et même les agences de cotation boursières. Ces dernières reconnaissent que l'action est sous-cotée et en même temps distribuent les appels à les vendre. A croire qu'ils veulent refaire le coup d'Alcatel que des sociétés américaines lorgnaient pour l'acheter. Mais le temps passe et la proie est plus dure que crue.
    France Télécom est rentrée dans la concurrence, mais on n'arrive pas à l'affaiblir et c'est ce qui excite beaucoup.
    Alors qu’elle se décide à investir dans les nouvelles techniques du réseau pour permettre le haut débit dans les campagnes les plus reculées du territoire, personne ne dit rien.
    Le PDG actuel a traîné les pied car il ne voulait que ses concurrents viennent récolter les fruits sans mettre la main à la poche et il a raison. Il a 120000 agents derrière lui, qui sont payés honorablement, ce n'est pas le cas des autres, et de toute façon il n'y a aucune raison d'investir quand c'est les autres qui viennent tirer les marrons du feu.
    L'ART, l'ARCEP et autres qui ne doivent pas être des compétents hors pairs, à moins que des choses se passent dessous la nappe de l'information publique, lui imposent un 5eme opérateur mobile. Il y a déjà Orange qui est FT, SFR, Bouygue, et Virgin qu'on voudrait faire oublier avec son petit million d'abonnés et maintenant arrivera bientôt le 5ieme qui a payé sa licence 2 ou 3 fois moins cher que les autres. C'est Free/Illiad derrière lequel se cache les capitaux chinois qui nous ont habitué à la casse des prix et aussi de la qualité. quand on sait que ce nouvel arrivant n'applique les lois que quand il veut comme l'attente téléphonique qui reste au prix fort.
    « Si tu as un problème, tu ne m’intéresses pas et tu repars d’où tu viens mais tu payes quand même pour m’avoir dérangé. » C’est la devise de Free !
    France Télécom relèvera le défi et restera debout mais peut être pas forcément les autres et ni les pauvres consommateurs que nous sommes.
    L’action, continue a baisser mais quand on saura les investissements qu’elle fait sur le réseau, elle ne pourra que bondir vers les sommets et à mon avis ce sera dans quelques jours.
    On en reparlera! Badis

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