samedi 20 avril 2013

Faites vos jeux... Rien ne va plus



Pendant dix ans, l'Europe ne s'était pas aperçus que l'île était devenue une “économie casino”.


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Ces propos, tenus en privé par Martin Schulz, le président du parlement européen, expose bien la foire bruxelloise de ces dernières semaines.
Qui est responsible de ces dix jours decafouillage chypriote ?. Pour une fois, les dirigeants des autres pays de la zone euro sont d'accord : c'est le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem, tout nouveau patron de l'Euro-groupe, qui réunit les ministres des Finances des 17 pays de l'Union monétaire. Le 15 mars, M.Dijsselbloem a fait adopter à grande vitesse le premier plan. En échange d'une aide de 7 milliards, le texte prévoyait une taxation de tous les dépôts bancaires chypriotes au taux de 6,75% en deçà de 100 000 euros et de 9,9% au-delà. Un plan que le président chypriote Nicos Anastasiades, a fait semblant d'accepter, en sachant parfaitement que son parlement le refuserait.
Du coup, lors des négociations autour du second plan, Dijsselbloem a été mis à l'écart. Les réunions ont été menées par la patronne du FMI, Christine Lagarde, Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen, et Olli Rehn de la commission européenne. Une troïka qui, une fois son plan accepté par Chypre, l'a fait avaliser en pleine nuit, par les ministres de l'Euro-groupe. Sans doute blessé d'avoir ainsi été poussé en touche, le ministre hollandais a tenu à se mettre en avant dès le lendemain. Dans une interview au “Financial Times”, il a affirmé que Chypre représentait “un nouveau modèle” pour résoudre les crises bancaires en Europe. Effet de causalité immédiat : les valeurs financiaires s'effondraient alors que des bruits de couloirs sur une possible dégradation de la note de l'Italie contribuaient à aggraver la panique. Le ministre espagnol des Finances, Luis Guindos, s'y mettait à son tour, en expliquant qu'en cas d'échec du plan chypriote il pouvait y avoir “contagion” de la crise à d'autres pays de la zone euro. Faire porter le chapeau à ce ministre “novice” pour reprendre un qualificatif de Pierre Moscovici, présente un autre avantage : passer sous silence les responsabilités de la Commission européenne, de la BCE et de l'Euro-groupe dans le naufrage financier de Chypre. Ce n'est pas en une semaine que l'île s'est transformée en un paradis fiscal où sont réfugiés des capitaux mafieux.
Les européens, sous l'impulsion des Allemands, ont en tout cas atteint un premier objectif : ils ont rayé de la carte la place financière chypriote, où les dépôts bancaires atteignaient huit fois le PIB de l'île. Mais Chypre n'est pas seul en Europe. Comme le fait remarquer Hubert Faustmann (Le Monde 26/03), professeur à l'université de Nicosie : << de nombreux autres pays ont un secteur bancaire hypertrophié et fiscalement avantageux, comme l'Irlande, Malte, les Pays-Bas ou le Luxembourg, dont les banques possèdent vingt fois le PIB >>. mais il y a une différence importante : pendant près de quatorze ans, l'Euro-groupe a été présidé par Jean-Claude Juncker, le Premier ministre du Luxembourg. La morale financière était donc hautement garantie, et personne n'a encore eu l'idée de taxer les dépôts bancaires du Grand-Duché.


Les oligarques russes défendent leur machine à laver

Dans leur folie taxatrice, les autorités européenne ont notamment épargné deux banques bien particulières.
La première, Hellenic Bank, troisième banque de l'île, appartient à l'Eglise orthodoxe chypriote. Cette sainte institution est aussi le principale actionnaire du premier producteur de bière. La seconde, VTB, est une banque russe, semi-publique, qui gère les fonds des nombreuses sociétés proches du Kremlin. En s'installant à Nicosie, celles-ci ont pu bénéficier d'une fiscalité agréable et d'un laxisme important sur l'origine de leurs liquidités.
Le président Poutine et son premier ministre Medvedev, après avoir exprimé leur colère au lendemain de l'annonce du premier plan, ont depuis mis de l'eau dans leur vodka. Dès lundi matin, une fois connus les détails du second plan, la Russie a fait savoir qu'elle était prête à assouplir les conditions du prêt de 2,5 milliards d'euros qu'elle a accordé, il y a deux ans à Chypre. Tout en accompagnant cette déclaration du souhait de rapatrier ses capitaux baladeurs du côté de la Moskova. Ce qui n'est problablement pas demain la veille. Car malgré le sévère plan de rigeur imposé à l'île, Chypre restera un sympathique paradis fiscal : le taux de l'impôt sur les sociétés n'augmentera que de 2,5% pour atteindre 12,5%. En France, il s'élève à près de 35%. preuve que l'Europe fiscale avance aussi vite que l'Europe bancaire et monétaire.

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