Un oubli probablement dans la biographie officielle d'Eric Woerth sur le site internet du gouvernement, le ministre du Travail (et des retraites) indique qu'il a travaillé chez Pechiney de 1982 à 1990. En réalité, entre 1987 et 1990, il ne travaillait plus chez le géant de l'aluminium. Une reconstitution de sa carrière s'impose, et de mettre le doigt sur ces trois années qu'il semble vouloir cacher. Ce qui serait dommage tout de même.
Tout petit, Eric Woerth affichait déjà un amour particulier pour le pot de confiture. Trentenaire en 1987, il est recruté par Jean-François Mancel, le très honnête président du conseil général de l'Oise et secrétaire général du RPR, qui lui confie la direction de l'Agence de développement de l'Oise (ADO). Woerth embauche alors comme adjointe Louise-Yvonne Casetta, la célèbre « banquière » de l'ère Chirac dans les années 80 et 90. Une solide expérience dans les fausses factures et les célèbres mallettes de billets du RPR pendant six ans, celle-ci a besoin d'un point de chute tranquille et moelleux.
Le jeune Woerth va bientôt réaliser des prouesses, saluées en 1992, par la chambre régionale des comptes. En deux ans, il augmente son propre salaire de 44 %, s'attribue une voiture de fonction (qui n'était écrit nulle part dans son contrat initial). Et surtout, il fait régler par l'ADO ses frais d'avocat pour un litige qui, toujours selon les magistrats, « n'avait qu'un caractère personnel ». Sans oublier des honoraires illégaux au directeur adjoint du département et d'énormes dépenses de Jean-François Mancel en voyages à l'étranger et déjeuners dans de très sélects restaurants parisiens. Woerth passe aussi des marchés publicitaires rentables à une boite qui a le bon goût de sauver de la faillite une petite entreprise appartenant à Jean-François Mancel. Quelle étonnante coïncidence.
Le futur ministre manifeste également son intérêt pour les travaux d'expertise commandés à des sociétés privées. Ainsi, il demande une étude sur les « comportements face à la brosse à chevaux », problématique importante pour le développement de l'Oise. De même, il confie à un intervenant extérieur une mission sur la valorisation des « déchets et rebuts de pommes ». une autre étude est jugée de « qualité médiocre » par les magistrats. Mais elle a un mérite : elle a été confiée au cabinet Bossard Consultants. Celui-là même qui va recruter aussitôt Woerth après son départ de l'Agence de développement de l'Oise.
Le futur trésorier de l'UMP se distingue aussi en réservant dix places (à 300 euros le menu) au « dîner pour la France », organisé en 1988 et destiné à faire cracher au bassinet de la campagne présidentielle de Chirac. Droit dans ses bottes, Woerth se justifie auprès de la chambre des comptes en expliquant que ce dîner a pu « contribuer à l'amélioration de la performance des entreprise de l'Oise ».
A son départ de l'ADO, en 1993, Woerth est nommé trésorier du RPR (où il retrouve son amie Louise-Yvonne Casetta), puis directeur financier de la campagne de Chirac à la présidentielle de 1996. il a vite appris.
mercredi 21 juillet 2010
samedi 17 juillet 2010
Un homme de l'ombre
C'est vraiment un homme de l'ombre. Un proche collaborateur d'Eric Woerth, membre de son cabinet au ministère du Budget, qui l'a suivi Rue de Grenelle, au Travail, mais qui ne figure sur aucun organigramme officiel. La nomination d'Eric de Sérigny, c'est son nom, n'a jamais été publiée au « Journal officiel », contrairement à celles des autres membres des différents cabinets de Woerth. Sa fonction, indiquée sur sa carte de visite ornée du logo de la République « Relations avec le monde économique » est vraiment pas très précis. Mais son réel rôle, lui, est stratégique : faire jouer ses contacts grâce à son somptueux carnet d'adresses, de généreux donateurs à l'UMP. Pas vraiment de liens avec le Travail ou l'Emploi.
Comme Eric Woerth, son patron, Sérigny pratique le mélange des genres. Ce chasseur de fonds pour le compte du ministre-trésorier est, lui aussi à cheval sur deux mondes : conseiller de Woerth, il est dans le civil, gestionnaire de portefeuilles de grands clients fortunés. Avant chez Richelieu Finances, en ce moment au service du financier Bernard Lozé. Quelle que soit sa casquette, politique ou business, il fréquente les mêmes gens, dans les mêmes salons dorés.
Carnet d'adresses en or
Eric Le Moyne de Sérigny, son patronyme complet, est l'infatigable animateur du « Premier Cercle ». Ce club regroupe un millier de plus généreux donateurs ayant versé leur obole (7500 euros au maximum par an) au parti de notre président. Son trésorier, quel surprise, n'est autre qu'Eric Woerth. « C'est l'homme-orchestre qui s'occupe de mettre en relation les industriels avec le ministre ». commente un financier, lui-même contributeur de l'UMP qui l'a beaucoup fréquenté. Sérigny se dépense sans compter en repas et réception de toutes sortes. Un jour, il réunit au très chic Jockey Club, auquel il est un habitué, les membres les plus fortunés pour un déjeuner présidé par Woerth et destiné à recueillir des dons pour l'UMP. Une autre fois, c'est un déjeuner à Bercy, toujours en présence de son cher ministre. Mais avec seulement une poignée de convives bien disposées à l'égard de l'UMP. « Là je n'avais pas le niveau, je n'ai pas été invité », commente notre financier, fort dépité.
Il faut quand même avouer que Sérigny connait par cœur la haute société. Agé de 64 ans, portant beau « un séducteur », de l'avis de tous, amis comme ennemis, il est le fils de l'ex-directeur de « L'Echo d'Alger », Alain de Sérigny. Il a commencé dans la vie avec un cuillère en argent dans la bouche, fréquentant la très chic école des Roches puis la fac de droit de Paris avant de devenir directeur de banque, notamment chez Rothschild. Il rencontre ceux qui comptent dans le Tout-Paris des affaires. Marié un temps à Sophie Desmarais, la fille de l'homme d'affaires canadien, associé au baron belge Albert Frère, chez qui Sarko aimait à passer des vacances, il a gardé d'excellentes relations avec son richissime ex-beau-père. Ses amis, parmi lesquels Patrice de Maistre, le fondé de pouvoir de Mme Bettencourt, sirotent en sa compagnie un drink au Polo de Paris, dans le bois de Boulogne. Ou fument un cigare avec ses amis de l'Association d'entraide de la noblesse française. Ou chassent en Sologne, en Russie et en Afrique. Ou encore exhibent leur chapeau lors du Prix de Diane (sponsorisé par Hermès, dont Mme Woerth vient d'intégrer le conseil de surveillance), sur les pelouses de Chantilly. Woerth est le maire de la commune des princes de Condé, où son épouse a monté une écurie avec d'autres dames argentées. Echange de bons procédés entre amis, Sérigny, à l'occasion, est de bon conseil pour souffler à son ministre les noms des citoyens méritants qui rêvent de la Légion d'honneur.
Sérigny dément tous les affirmations faites précédemment, les réunions qu'il reconnaît organiser le sont dans le cadre de sa « mission totalement bénévole » et « en aucun cas pour le compte de l'UMP ». il s'agit seulement, précise-t-il, de permettre au ministre « d'appréhender la situation économique et financière des sociétés françaises à travers des exemples concrets ». Avec un pareil professeur, Woerth est sauvé.
Comme Eric Woerth, son patron, Sérigny pratique le mélange des genres. Ce chasseur de fonds pour le compte du ministre-trésorier est, lui aussi à cheval sur deux mondes : conseiller de Woerth, il est dans le civil, gestionnaire de portefeuilles de grands clients fortunés. Avant chez Richelieu Finances, en ce moment au service du financier Bernard Lozé. Quelle que soit sa casquette, politique ou business, il fréquente les mêmes gens, dans les mêmes salons dorés.
Carnet d'adresses en or
Eric Le Moyne de Sérigny, son patronyme complet, est l'infatigable animateur du « Premier Cercle ». Ce club regroupe un millier de plus généreux donateurs ayant versé leur obole (7500 euros au maximum par an) au parti de notre président. Son trésorier, quel surprise, n'est autre qu'Eric Woerth. « C'est l'homme-orchestre qui s'occupe de mettre en relation les industriels avec le ministre ». commente un financier, lui-même contributeur de l'UMP qui l'a beaucoup fréquenté. Sérigny se dépense sans compter en repas et réception de toutes sortes. Un jour, il réunit au très chic Jockey Club, auquel il est un habitué, les membres les plus fortunés pour un déjeuner présidé par Woerth et destiné à recueillir des dons pour l'UMP. Une autre fois, c'est un déjeuner à Bercy, toujours en présence de son cher ministre. Mais avec seulement une poignée de convives bien disposées à l'égard de l'UMP. « Là je n'avais pas le niveau, je n'ai pas été invité », commente notre financier, fort dépité.
Il faut quand même avouer que Sérigny connait par cœur la haute société. Agé de 64 ans, portant beau « un séducteur », de l'avis de tous, amis comme ennemis, il est le fils de l'ex-directeur de « L'Echo d'Alger », Alain de Sérigny. Il a commencé dans la vie avec un cuillère en argent dans la bouche, fréquentant la très chic école des Roches puis la fac de droit de Paris avant de devenir directeur de banque, notamment chez Rothschild. Il rencontre ceux qui comptent dans le Tout-Paris des affaires. Marié un temps à Sophie Desmarais, la fille de l'homme d'affaires canadien, associé au baron belge Albert Frère, chez qui Sarko aimait à passer des vacances, il a gardé d'excellentes relations avec son richissime ex-beau-père. Ses amis, parmi lesquels Patrice de Maistre, le fondé de pouvoir de Mme Bettencourt, sirotent en sa compagnie un drink au Polo de Paris, dans le bois de Boulogne. Ou fument un cigare avec ses amis de l'Association d'entraide de la noblesse française. Ou chassent en Sologne, en Russie et en Afrique. Ou encore exhibent leur chapeau lors du Prix de Diane (sponsorisé par Hermès, dont Mme Woerth vient d'intégrer le conseil de surveillance), sur les pelouses de Chantilly. Woerth est le maire de la commune des princes de Condé, où son épouse a monté une écurie avec d'autres dames argentées. Echange de bons procédés entre amis, Sérigny, à l'occasion, est de bon conseil pour souffler à son ministre les noms des citoyens méritants qui rêvent de la Légion d'honneur.
Sérigny dément tous les affirmations faites précédemment, les réunions qu'il reconnaît organiser le sont dans le cadre de sa « mission totalement bénévole » et « en aucun cas pour le compte de l'UMP ». il s'agit seulement, précise-t-il, de permettre au ministre « d'appréhender la situation économique et financière des sociétés françaises à travers des exemples concrets ». Avec un pareil professeur, Woerth est sauvé.
mardi 6 juillet 2010
Problèmes de couple
Il a fallu un traitement de choc pour soigner les maladies fiscales et politiques de l'affaire Bettencourt. Eric Woerth a annoncé Lundi 21 juin, que son épouse Florence allait quitter la société Clymène, qui gère une partie de la fortune de la milliardaire. Laquelle a publié un communiqué pour faire savoir que les sommes qu'elle détient en Suisse ou ailleurs feront l'objet d'une rapide régularisation et d'un retour au pays. De judicieuses décisions qui auraient gagné à être prises autrement que sous le feu des projecteurs des récents événements. Ce sont les écoutes clandestines qui ont révélé les petites fantaisies fiscales de Liliane Bettoncourt, et la danse de ses proches ou des gestionnaires de sa fortune autour de la mine d'or. Quelques dizaines de millions par-ci, la propriété de toute une île par-là... des choses insignifiantes. Mais il se trouve que Florence Woerth s'occupe de placements pour le compte de cette riche cliente. Et que mêmes les écoutes évoquent des projets de distribution d'argent, il faut dire relativement modestes et légaux, à des hommes politiques dont... Eric Woerth. La question est désormais de savoir comment le ministre du Travail et ancien ministre du Budget a pu se laisser tomber dans une telle situation. Pendant que Monsieur traquait les fraudeurs du fisc, Madame se faisait embaucher, grâce à lui chez Liliane Bettoncourt. Encore plus fort : l'ex-ministre du Budget est en même temps trésorier de l'UMP, chargé de récolter des sous parmi les riches contribuables, y compris ceux qui on ou pourraient un jour avoir maille à partir avec son administration.
On l'a vu à Genève, en mars 2007, rencontrant dans un palace les riches Français résidents en Suisse pour les convaincre de cotiser à la campagne de Sarkozy. Et apparemment, sans demander l'origine de leurs fonds. Il continue à animer le Premier cercle, nom donné à la pompe à financement de l'UMP créé en 2007 et dont il est le délégué général. Tous les deux mois, il réunit dans de luxueux salons de l'hôtel Bristol, au cercle Inter-allié, voire dans la salle des fêtes de l'Elysée, un millier de riches supporteurs. Droit d'entrée minimum : 3000 euros, amis ça peut grimper jusqu'à 7500 euros. Deux ou trois fois par an, Sarko honore de sa présence ces réunions haut de gamme. Promis juré, tous ces braves gens n'attendent aucun traitement de faveur si le fisc devait se pencher sur leur cas. De même que la charmante Liliane Bettoncourt, dont les collaborateurs sont conduits à discuter presque chaque jour avec les fonctionnaires des impôts, n'a tiré ni avantage ni privilège de la présence à ses côtés de l'épouse du ministre. Quand même, on n'est en France tout de même.
Mais alors, pourquoi a-t-elle démissionner ?
On l'a vu à Genève, en mars 2007, rencontrant dans un palace les riches Français résidents en Suisse pour les convaincre de cotiser à la campagne de Sarkozy. Et apparemment, sans demander l'origine de leurs fonds. Il continue à animer le Premier cercle, nom donné à la pompe à financement de l'UMP créé en 2007 et dont il est le délégué général. Tous les deux mois, il réunit dans de luxueux salons de l'hôtel Bristol, au cercle Inter-allié, voire dans la salle des fêtes de l'Elysée, un millier de riches supporteurs. Droit d'entrée minimum : 3000 euros, amis ça peut grimper jusqu'à 7500 euros. Deux ou trois fois par an, Sarko honore de sa présence ces réunions haut de gamme. Promis juré, tous ces braves gens n'attendent aucun traitement de faveur si le fisc devait se pencher sur leur cas. De même que la charmante Liliane Bettoncourt, dont les collaborateurs sont conduits à discuter presque chaque jour avec les fonctionnaires des impôts, n'a tiré ni avantage ni privilège de la présence à ses côtés de l'épouse du ministre. Quand même, on n'est en France tout de même.
Mais alors, pourquoi a-t-elle démissionner ?
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