samedi 9 avril 2016

Méthodes stupéfiantes de l'OCRTIS

      François Thierry, le chef de l'OCTRIS, est sur la sellette. On lui cherche un remplaçant et même ses amis bien placés se font une raison. Car l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) enquête discrètement sur les étonnantes combines des flics de l'office. « Ils ont manqué à toutes les règles de la doctrine d'emploi et fait rentrer bien plus de drogues qu'ils en n'ont saisi », résume un haut magistrat. Un commissaire accuse : « L'Ocrtis deale avec certains trafiquants. C'est un système de donnant-donnant. Tu nous balances tes concurrents, on te laisse faire ton business. ».

      Jusqu'à présent, le système fonctionnait pas mal. Les grandes pontes de la politique étaient toutes heureuses d'annoncer des saisies record à répétition. Hollande s'est fait prendre au jeu, posant avec les flics, un à Marseille, un autre à Paris, et saluant un coup fatal porté au trafic de drogues. C'est pourtant loin d'être vrai… Il ne faut pas être énarque pour constater que si les saisies augmentent mais que le prix de la drogue sur le marché reste le même, c'est qu'il en rentre bien plus. Et ça, on le doit à l'Ocrtis et à François Thierry.

      Les agents de l'IGPN ont commencé à mijoter après la plainte d'un caid. Christophe M s'est fait prendre à l'occasion d'un stupéfiant échange de marchandises, shit contre coke entre la métropole et les Antilles. Les magistrats instructeurs ont découvert que les livraisons avaient été facilitées par la police. Et le 2 juillet 2015, la chambre d'instruction a annulé la procédure dans sa globalité, estimant qu'il y avait bien eu « provocation policière » et « intervention active » des flics de l'Ocrtis pour que le shit arrive sans encombre aux Antilles et la coke jusqu’à Roissy. Les deux informateurs ont fini par le reconnaître devant les juges « Avant chaque convocation de la justice, je demandais à l'Ocrtis ce que je devais dire ou ne pas dire ». En matière de stups, l'indic, le dealeur, le trafiquant et le flic se confondent facilement.

      De ce point de vue, l'affaire des 7 tonnes de shit trouvées boulevard Exelmans à Paris le 18 octobre 2016 est stupéfiante. Un camion bourré de drogue était garé devant le domicile d'un dealeur. Ce sont les douanes qui mettent le grapin sur le chargement. Ils préviennent l'Ocrtis qui se saisit de l'affaire… Mais le procureur de Paris, méfiant, préfère filer l'enquête à la brigade des stups. Ces limiers découvrent que le dealeur du boulevard Exelmans est aussi un indic de l'Ocrtis. Et que lui et ses compères ont fait passer sans soucis 1,9 tonne de résine de cannabis du côté de Nantes et 6 autres tonnes à la frontière franco-belge. En réalité, selon une source policière, « nous en avons récupéré 15 tonnes, mais il y en avait autant, voir plus, qui sont passés ». Des tonnes très certainement revendues par l'indic dealeur de l'Ocrtis…

      « Nous sommes bien conscients que toutes les affaires de stups voient le jour sur la base de renseignements. Mais quand l'indic constitue un élément nécessaire au trafic, il y a comme un souci. » confesse un magistrat. Si cet indic a beaucoup donné à François Thierry, c'est qu'il lui devait beaucoup. Le flic l'a recruté à la fin d'un procès, où il avait pris 13 ans pour trafic de shit avec le Maroc. En fait, il n'en a fait que 5, avant de sortir en libération conditionnelle. Faut dire qu'il avait une bonne avocate, intime du patron de l'Ocrtis. « Il lui a fourni des faux, qu'elle a transmis au juge de l'application des peines » affirme un magistrat. Un autre indic a été entendu récemment par les agents de l'IGPN. N'ayant pas touché ce qui lui était promis, il s'est mis à balancer et a confié avoir été le témoin, dans un hôtel parisien, de la vente de 1 kilo de cocaïne à des dealeurs par des flics.

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