François
Thierry, le chef de l'OCTRIS, est sur la sellette. On lui cherche un
remplaçant et même ses amis bien placés se font une raison. Car
l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) enquête
discrètement sur les étonnantes combines des flics de l'office.
« Ils ont manqué à toutes les règles de la doctrine d'emploi
et fait rentrer bien plus de drogues qu'ils en n'ont saisi »,
résume un haut magistrat. Un commissaire accuse : « L'Ocrtis
deale avec certains trafiquants. C'est un système de
donnant-donnant. Tu nous balances tes concurrents, on te laisse faire
ton business. ».
Jusqu'à
présent, le système fonctionnait pas mal. Les grandes pontes de la
politique étaient toutes heureuses d'annoncer des saisies record à
répétition. Hollande s'est fait prendre au jeu, posant avec les
flics, un à Marseille, un autre à Paris, et saluant un coup fatal
porté au trafic de drogues. C'est pourtant loin d'être vrai… Il
ne faut pas être énarque pour constater que si les saisies
augmentent mais que le prix de la drogue sur le marché reste le
même, c'est qu'il en rentre bien plus. Et ça, on le doit à
l'Ocrtis et à François Thierry.
Les
agents de l'IGPN ont commencé à mijoter après la plainte d'un
caid. Christophe M s'est fait prendre à l'occasion d'un stupéfiant
échange de marchandises, shit contre coke entre la métropole et les
Antilles. Les magistrats instructeurs ont découvert que les
livraisons avaient été facilitées par la police. Et le 2 juillet
2015, la chambre d'instruction a annulé la procédure dans sa
globalité, estimant qu'il y avait bien eu « provocation
policière » et « intervention active » des flics
de l'Ocrtis pour que le shit arrive sans encombre aux Antilles et la
coke jusqu’à Roissy. Les deux informateurs ont fini par le
reconnaître devant les juges « Avant chaque convocation de la
justice, je demandais à l'Ocrtis ce que je devais dire ou ne pas
dire ». En matière de stups, l'indic, le dealeur, le
trafiquant et le flic se confondent facilement.
De
ce point de vue, l'affaire des 7 tonnes de shit trouvées boulevard
Exelmans à Paris le 18 octobre 2016 est stupéfiante. Un camion
bourré de drogue était garé devant le domicile d'un dealeur. Ce
sont les douanes qui mettent le grapin sur le chargement. Ils
préviennent l'Ocrtis qui se saisit de l'affaire… Mais le procureur
de Paris, méfiant, préfère filer l'enquête à la brigade des
stups. Ces limiers découvrent que le dealeur du boulevard Exelmans
est aussi un indic de l'Ocrtis. Et que lui et ses compères ont fait
passer sans soucis 1,9 tonne de résine de cannabis du côté de
Nantes et 6 autres tonnes à la frontière franco-belge. En réalité,
selon une source policière, « nous en avons récupéré 15
tonnes, mais il y en avait autant, voir plus, qui sont passés ».
Des tonnes très certainement revendues par l'indic dealeur de
l'Ocrtis…
« Nous
sommes bien conscients que toutes les affaires de stups voient le
jour sur la base de renseignements. Mais quand l'indic constitue un
élément nécessaire au trafic, il y a comme un souci. »
confesse un magistrat. Si cet indic a beaucoup donné à François
Thierry, c'est qu'il lui devait beaucoup. Le flic l'a recruté à la
fin d'un procès, où il avait pris 13 ans pour trafic de shit avec
le Maroc. En fait, il n'en a fait que 5, avant de sortir en
libération conditionnelle. Faut dire qu'il avait une bonne avocate,
intime du patron de l'Ocrtis. « Il lui a fourni des faux,
qu'elle a transmis au juge de l'application des peines »
affirme un magistrat. Un autre indic a été entendu récemment par
les agents de l'IGPN. N'ayant pas touché ce qui lui était promis,
il s'est mis à balancer et a confié avoir été le témoin, dans un
hôtel parisien, de la vente de 1 kilo de cocaïne à des dealeurs
par des flics.