L'arnaque à
la TVA leur a rapporté 1,6 milliards, bien à l'abri dans des
comptes à l'étranger.
L’État
va-t-il réussir à récupérer une partie du 1,6 milliards d'euros
volé par une équipe d'escrocs à la TVA ?. Le coup de maître
de ces fraudeurs datent des années 2008-2009. Lorsque les
entreprises s'échangeaient des quotas de CO2
(ou « droits à polluer »), les arnaqueurs achetaient des
quantités de gaz carbonique hors TVA. Qu'ils revendaient à des
boites en leur facturant la TVA. Bénéfice => 19,6%.
Lorsque
l’État leur réclamait, comme l'exige la loi, le reversement de la
TVA perçue, tout le monde s’étaient volatilisés. La combine ne
fonctionne plus, mais depuis cinq ans, une dizaine de juges, à
Paris, Lyon, Toulouse ou Marseille, dirigent plus de 20 enquêtes
différentes, et s'épuisent à courir après l'argent volé. Les
acteurs de cette arnaque savent où est le magot et se le disputent
sans merci. Selon les enquêteurs, le meurtre ayant eu lieu le mardi
8 avril à Paris, de l'homme de main d'un joueur de poker est lié au
joli monde des dealers de carbone. C'est le cinquième assassinat
depuis 2010, disent-ils, qui mène à ce trafic. Mais pas au trésor.
Il y a quelque mois, l'affaire « Crépuscule », du nom
d'une boite intermédiaire dans les achats de CO2,
a fait naître l'espoir de recouvrer de grosses sommes.
En octobre,
à la suite d'un accord entre Israël et le France, une vaste
descente policière a été lancée à Tel-Aviv et dans sa banlieue
huppée. L'opération est ainsi justifiée dans une note interne du
ministère de l'Intérieur : « Les faits prennent leur
origine dans des détournements massifs de TVA sur les transactions
de droits de pollution (préjudice estimé à 223 millions d'euros)
et de matériel de téléphonie (2 millions). D'avril 2008 à mars
2009, la société de droit français de courtage Crépuscule a
transféré près de 150 millions sur des comptes bancaires à
l'étranger (Monténégro, Lettonie, Chypre, et surtout Hong-Kong) au
nom de sociétés défaillantes. » Résultat de l'opération,
des dizaines d'escrocs présumés ont été arrêtés, et certains se
sont montrés très coopératifs, car une partie d'entre eux, une
fois installés en Israël, se sont vus menacés et rackettés par la
mafia locale, ultraviolente et dirigée par des parrains russes.
L'affaire a un peu progressé en janvier, lorsqu'un des cerveaux de
l'affaire s'est pointé à Roissy.
Cyril
Astruc, dit « Poulet », dit « le Maigrichon »,
dit Alex Kahn (son pseudonyme en Israël), atterrit le 10 janvier en
France, en transit pour Bruxelles : le juge belge Michel Claise
a négocié son retour et la restitution de 5 millions d'euros sur
les 72 qu'il est accusé d'avoir volés à la Belgique. Mais les
Français, finauds, apprennent son arrivée. Astruc est également
poursuivi en France. Les flics de l'Office central de lutte contre le
crime organisé lui mettent tombe dessus, au nez et à la barbe des
douaniers, également présents à l'aéroport. Ce sont ces derniers
qui ont réalisé l'essentiel de l'enquête, sous l'autorité du juge
parisien, et ils possèdent, contrairement à leurs collègues, un
mandat d'arrêt. A cette guerre entre pays et entre services s'ajoute
une bataille judiciaire : cinq juges, au moins, veulent entendre
Astruc et profiter de ses lumières, toujours pour retrouver
l'argent... Certes, lors de son arrestation, il était porteur d'une
montre à 330 000 euros et d'un pendentif à 50 000 euros, plus
quelques liasses de billets. Mais la prise est assez maigre. D'autres
informateurs « repentis » pourraient profiter du
programme de protection et d'anonymisation des témoins. Un
dispositif extrêmement onéreux, puisqu'il faut fournir aux
informateurs nouvelle identité, protection, logement, aide... S'ils
coûtent plus cher à la justice qu'ils ne lui rapportent, ces
artistes du CO2 ne
manquent d'air.
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