Les
épargnants qui pleurent sur leurs économies frappées par la crise,
seraient bien contents de prendre exemple sur Nicolas Sarkozy. Voilà
un exemple qui a réussi, en cinq ans, à accroître son patrimoine
de 28% malgré un divorce et 6000 euros de pensions alimentaires à
verser chaque mois. Selon sa « déclaration de situation
patrimoniale » publiée
le 24 mars au Journal officiel. Le patrimoine du président sortant
s'élève à 2 740 953 euros. A comparer aux 2 138 116 euros annoncés
en 2007 par le candidat élu. Il y a cinq ans, l'essentiel de ses
avoirs provenait de la vente de l'appartement de Neuilly-sur-Seine,
acquis en commun avec Cécilia. Acheté à un promoteur ami en 1997,
ce logement avait été revendu près de 2 millions en novembre 2006
avec une plus-value dépassant les 100%. Suite au divorce, Cécilia
est donc partie avec au moins 1 million.
Par
contre, Sarko se montre bien discret sur le reste de sa modeste
fortune placée dans deux contrats d'assurance-vie. Franck Louvrier,
son porte-parole, se contente de répondre aux questions par un « Je
n'ai pas plus d'informations ». Pas d'informations non plus sur
les revenus du couple Sarkozy-Bruni ni le montant de ses impôts.
Seul élément connu, à peine élu en mai 2007, le nouveau président
avait commencé par augmenter ses indemnités de 172%, en s'octroyant
19 331 euros net par mois. Soit 1,2 million en cinq ans. De l'argent
de poche pour un président logé, nourri et blanchi par l'Elysée.
Sarko
est encore plus timide sur les relations financières qu'il
entretient avec le cabinet d'avocats Arnaud claude & Associés,
où il a exercé jusqu'en 2002. Cette société, spécialisée dans
les affaires immobilières, compte de grands groupes industriels et
financiers parmi sa clientèle. Et aussi plusieurs municipalités UMP
des Hauts-de-Seine, comme Levallois-Perret, dirigé par le couple
Balkany.
Le
président détient 34% du capital du cabinet. Mais son ancien
collègue Arnaud Claude a déclaré au « Parisien » en
octobre 2007, que Nicolas Sarkozy lui avait « loué » ses
actions durant son mandat élyséen et qu'il ne touchait donc pas de
dividendes durant cette période. Impossible cependant de connaître
le montant exacts du loyer. Le nombre d'actions détenues par Sarko
donnait droit, au total, à 160 000 euros de dividendes pour les
années 2008, 2009 et 2010. Les résultats 2011 du cabinet ne sont
pas encore connus. Cette location d'actions n'a pas empêché Sarko
d'assister, en février et décembre 2010, à deux assemblées
générales. Ni de devenir actionnaire à 34% d'une nouvelle société
holding, dénommée CSC (pour Claude-Sarkozy-Christofer). Cette
nouvelle société a racheté, pour un montant inconnu, l'intégralité
des parts que Sarko détenait dans l'ancienne société. Une
situation plutôt étrange et inédite pour un président de la
République...
Et
ce n'est pas fini sur les opérations financières surprenantes et
sécrètes. En 2011, la toute nouvelle holding CSC a emprunté une
forte somme à une banque. Et Sarko s'est porté caution personnelle
à hauteur de 554 000 euros. La stratégie consiste à entretenir ces
affaires embrouillées à plaisir pour constituer un brouillard
protecteur. Il aurait tort de se gêner, puisque les déclarations de
patrimoine des présidents de la République ne sont pas soumises à
vérification et qu'aucune loi ne vient sanctionner les éventuels
oublis et imprécision.
Le quart
magique
Les
candidats à la présidentielle sont ils des contribuables comme les
autres ?. Les factures fiscales acquittées par ces hommes et
femmes unanimes à reconnaître la solidarité républicaine en temps
de crise par l'impôt sont très inférieures, parfois de moitié, à
celles que paierait, à revenu égal, un français de droit commun.
Et ce en toute légalité, grâce à une sage utilisation de la loi,
que les élus semblent bien connaître.
François
hollande parvient à réduire de près de moitié sa cotisation au
fisc. En 2010, selon les chiffres qu'il a rendu public, son revenu a
atteint 101 456 euros (y compris 6 000 euros gagnés par sa fille à
charge). Sur cette somme il a réglé 10 113 euros, soit un taux
moyen d'imposition de 10%. Pour une personne à situation familiale
identique, la facture se serait élevée à 20 000 euros. Économie
de 50% quand même. Le candidat socialiste ne fait qu'utiliser les
avantages fiscaux que lui offre la loi. En tant que député, près
du quart de son indemnité parlementaire (14 700 euros sur 62 300 par
an) n'est pas imposable. Et c'est pas fini, élu local en Corrèze,
Hollande bénéficie du système de « retenue à la source ».
Son revenu est ainsi divisé en deux parts, imposées séparément :
revenu « Corrèzien » d'un côté, revenu parlementaire
de l'autre. Ainsi, il reste deux fois dans les tranches d'imposition
les plus basses, autour de 20%, échappant à la tranche supérieur à
41%. Comme le reconnaît son conseiller fiscal : « ce
système casse la progressivité de l'impôt ». Facile de
mettre en place cette stratégie, c'est l'élu qui choisit son régime
fiscal : droit commun ou retenue à la source.
Nicolas
Dupont-Aignana lui aussi fait le bon choix avec un impôt réduit
d'un quart, soit une économie de 5 000 euros. Comme François
Bayrou, qui, grâce à ce mécanisme, a rétréci sa facture de près
d'un quart, économisant quelque 2 000 euros.
Les
candidats qui ont un mandat parlementaire européen Eva Joly, Marine
Le Pen et Jean-Luc Mélenchon bénéficient eux aussi de la
providentielle retenue à la source au taux pas trop confiscatoire de
22%. Les élus européens ont un autre avantage, sur lequel on ne dit
rien, ils sont exonérés de CSG-CRDS. Ce qui représente un gain de
11 000 euros environ par an.
Deux
autres ne connaissent pas de souci fiscal, Nathalie Arthaud et
Jacques Cheminade, qui ne sont pas imposables. Bien qu'ancien
diplomate et haut fonctionnaire des Finances, Cheminade affirme ne
toucher qu'une retraite de 1 118,37 euros par mois. Il faut dire que
sa carrière professionnelle à été courte (de 1969 à 1981) et ne
lui ouvre donc pas le droit à une pension complète. Quant à
Nathalie Arthaud, son salaire annuel de professeur d'économie (27
361 euros) justifierait un impôt de 2 142 euros. Mais la candidate
de Lutte ouvrière déduit les dons à son parti, sa cotisation
syndicale et surtout, une mesure du « paquet fiscal » de
Sarko, les intérêts payés sur l'emprunt pour achat de sa résidence
principale. Résultat : zéro impôt.