samedi 14 avril 2012

Cinq années d'enrichissement


Les épargnants qui pleurent sur leurs économies frappées par la crise, seraient bien contents de prendre exemple sur Nicolas Sarkozy. Voilà un exemple qui a réussi, en cinq ans, à accroître son patrimoine de 28% malgré un divorce et 6000 euros de pensions alimentaires à verser chaque mois. Selon sa « déclaration de situation patrimoniale » publiée le 24 mars au Journal officiel. Le patrimoine du président sortant s'élève à 2 740 953 euros. A comparer aux 2 138 116 euros annoncés en 2007 par le candidat élu. Il y a cinq ans, l'essentiel de ses avoirs provenait de la vente de l'appartement de Neuilly-sur-Seine, acquis en commun avec Cécilia. Acheté à un promoteur ami en 1997, ce logement avait été revendu près de 2 millions en novembre 2006 avec une plus-value dépassant les 100%. Suite au divorce, Cécilia est donc partie avec au moins 1 million.

Par contre, Sarko se montre bien discret sur le reste de sa modeste fortune placée dans deux contrats d'assurance-vie. Franck Louvrier, son porte-parole, se contente de répondre aux questions par un « Je n'ai pas plus d'informations ». Pas d'informations non plus sur les revenus du couple Sarkozy-Bruni ni le montant de ses impôts. Seul élément connu, à peine élu en mai 2007, le nouveau président avait commencé par augmenter ses indemnités de 172%, en s'octroyant 19 331 euros net par mois. Soit 1,2 million en cinq ans. De l'argent de poche pour un président logé, nourri et blanchi par l'Elysée.
Sarko est encore plus timide sur les relations financières qu'il entretient avec le cabinet d'avocats Arnaud claude & Associés, où il a exercé jusqu'en 2002. Cette société, spécialisée dans les affaires immobilières, compte de grands groupes industriels et financiers parmi sa clientèle. Et aussi plusieurs municipalités UMP des Hauts-de-Seine, comme Levallois-Perret, dirigé par le couple Balkany.

Le président détient 34% du capital du cabinet. Mais son ancien collègue Arnaud Claude a déclaré au « Parisien » en octobre 2007, que Nicolas Sarkozy lui avait « loué » ses actions durant son mandat élyséen et qu'il ne touchait donc pas de dividendes durant cette période. Impossible cependant de connaître le montant exacts du loyer. Le nombre d'actions détenues par Sarko donnait droit, au total, à 160 000 euros de dividendes pour les années 2008, 2009 et 2010. Les résultats 2011 du cabinet ne sont pas encore connus. Cette location d'actions n'a pas empêché Sarko d'assister, en février et décembre 2010, à deux assemblées générales. Ni de devenir actionnaire à 34% d'une nouvelle société holding, dénommée CSC (pour Claude-Sarkozy-Christofer). Cette nouvelle société a racheté, pour un montant inconnu, l'intégralité des parts que Sarko détenait dans l'ancienne société. Une situation plutôt étrange et inédite pour un président de la République...

Et ce n'est pas fini sur les opérations financières surprenantes et sécrètes. En 2011, la toute nouvelle holding CSC a emprunté une forte somme à une banque. Et Sarko s'est porté caution personnelle à hauteur de 554 000 euros. La stratégie consiste à entretenir ces affaires embrouillées à plaisir pour constituer un brouillard protecteur. Il aurait tort de se gêner, puisque les déclarations de patrimoine des présidents de la République ne sont pas soumises à vérification et qu'aucune loi ne vient sanctionner les éventuels oublis et imprécision.


Le quart magique


Les candidats à la présidentielle sont ils des contribuables comme les autres ?. Les factures fiscales acquittées par ces hommes et femmes unanimes à reconnaître la solidarité républicaine en temps de crise par l'impôt sont très inférieures, parfois de moitié, à celles que paierait, à revenu égal, un français de droit commun. Et ce en toute légalité, grâce à une sage utilisation de la loi, que les élus semblent bien connaître.

François hollande parvient à réduire de près de moitié sa cotisation au fisc. En 2010, selon les chiffres qu'il a rendu public, son revenu a atteint 101 456 euros (y compris 6 000 euros gagnés par sa fille à charge). Sur cette somme il a réglé 10 113 euros, soit un taux moyen d'imposition de 10%. Pour une personne à situation familiale identique, la facture se serait élevée à 20 000 euros. Économie de 50% quand même. Le candidat socialiste ne fait qu'utiliser les avantages fiscaux que lui offre la loi. En tant que député, près du quart de son indemnité parlementaire (14 700 euros sur 62 300 par an) n'est pas imposable. Et c'est pas fini, élu local en Corrèze, Hollande bénéficie du système de « retenue à la source ». Son revenu est ainsi divisé en deux parts, imposées séparément : revenu « Corrèzien » d'un côté, revenu parlementaire de l'autre. Ainsi, il reste deux fois dans les tranches d'imposition les plus basses, autour de 20%, échappant à la tranche supérieur à 41%. Comme le reconnaît son conseiller fiscal : « ce système casse la progressivité de l'impôt ». Facile de mettre en place cette stratégie, c'est l'élu qui choisit son régime fiscal : droit commun ou retenue à la source.
Nicolas Dupont-Aignana lui aussi fait le bon choix avec un impôt réduit d'un quart, soit une économie de 5 000 euros. Comme François Bayrou, qui, grâce à ce mécanisme, a rétréci sa facture de près d'un quart, économisant quelque 2 000 euros.

Les candidats qui ont un mandat parlementaire européen Eva Joly, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon bénéficient eux aussi de la providentielle retenue à la source au taux pas trop confiscatoire de 22%. Les élus européens ont un autre avantage, sur lequel on ne dit rien, ils sont exonérés de CSG-CRDS. Ce qui représente un gain de 11 000 euros environ par an.
Deux autres ne connaissent pas de souci fiscal, Nathalie Arthaud et Jacques Cheminade, qui ne sont pas imposables. Bien qu'ancien diplomate et haut fonctionnaire des Finances, Cheminade affirme ne toucher qu'une retraite de 1 118,37 euros par mois. Il faut dire que sa carrière professionnelle à été courte (de 1969 à 1981) et ne lui ouvre donc pas le droit à une pension complète. Quant à Nathalie Arthaud, son salaire annuel de professeur d'économie (27 361 euros) justifierait un impôt de 2 142 euros. Mais la candidate de Lutte ouvrière déduit les dons à son parti, sa cotisation syndicale et surtout, une mesure du « paquet fiscal » de Sarko, les intérêts payés sur l'emprunt pour achat de sa résidence principale. Résultat : zéro impôt.