Il pourra toujours dire qu'il l'a fait. Trois mois avant de quitter la Cnil (Commission nationale de l'informatique et des libertés), il a poussé la sonnette d'alarme. Alex Türk était aux commandes de cet organisme depuis 2004.
Comme il tient toujours à garder son siège de sénateur centriste et que le cumul est désormais interdit, il va laisser son poste. Sans doute à plus policé que lui, car Türk parle clair. Pour accompagner le livre qu'il vient de publier, « La vie privée en péril », il multiplie les interviews choc, où il explique : « Ce qui nous attend est bien pire que Big Brother, car Big Brother était un système centralisé, on pouvait se rebeller contre lui. Or, aujourd'hui nous assistons à la multiplication des Nano Brother (capteurs, puces électroniques dans les cartes et les portables). Ce sont là des outils de surveillance multiples, disséminés, parfois invisibles. On ne sait pas qui collecte les données, ni dans quel but, ni pour combien de temps. Prenons l'exemple des puces RFID (de l'anglais Radio Frequency Identification) qui permettent aujourd'hui de géolocaliser les marchandises. Leur usage va probablement s'étendre. A terme, les individus consentiront sans doute, eux aussi, à être tracé en permanance. Nous allons assister à un développement massif et pernicieux des puces électroniques. »
Et, comme il le dit dans son livre, l'autre problème est que « nombre de dispositifs mis en place ou en cours d'installation pour répondre à l'exigence de sécurité sont très largement irréversibles ». Biométrie, vidéo-flicage, géolocalisation, traçage, puçage...
Tout cela est en marche. Et la Cnil, dont l'existence rassure mais qui n'a ni grands moyens ni soutien politique (à Sarkoland, tous les flicages sont bienvenus) a juste un pu freiné cette avancée triomphante...